Peut-on comparer le mouvement catalan et le Front National ?

Le débat est récurent : y a t-il un bon nationalisme et un mauvais nationalisme ? Peut-on s’extasier devant les paroles des indépendantistes catalans forcément garants de la démocratie, toujours imprégnés des meilleurs intentions pour défendre les valeurs de progrès et d’ouverture et de l’autre condamner le Front National le vouant aux gémonies. Le philosophe Jürgen Habermas relance la polémique dans une interview donnée au magazine français l’Express.

Photo: ANC – Article: NS

Jürgen Habermas est un philosophe reconnu. Il est l’auteur du livre La Constitution de l’Europe paru chez Gallimard en 2012. A une question directe sur son point de vue concernant la demande indépendantiste écossaise et catalane, l’intellectuel répond sans détour dans l’Express :

« Quand, du fait d’une inégalité sociale croissante, l’angoisse et l’insécurité montent au sein d’une population, la tentation existe de se replier derrière des frontières familières auxquelles on croit pouvoir se fier, et de s’accrocher à des entités « natales », qu’elles aient été naturalisées ou qu’on en ait hérité, telles que la nation, la langue, l’histoire. Dès lors, le regain de la flamme régionaliste en Ecosse, en Catalogne ou en Flandre n’est guère, selon moi, qu’un équivalent fonctionnel du succès du Front national en France. »

Tous les nationalismes sont-ils identiques ?

Par ailleurs, beaucoup de Français vivant à Barcelone restent dubitatifs face aux déferlements de drapeaux catalans aux fenêtres, aux objets nationalistes telles que des coques de téléphone portable, ou même des boules de sapin de Noël aux couleurs de l’estelada.

Transposons un instant ce tableau en France. Si à Béziers, par exemple, les habitants mettaient massivement leur drapeaux français aux fenêtres, se baladaient dans les rues avec des t-shirts tricolores « I Love France », si les sonneries de portables retentissaient aux sons de la Marseillaise, si les coques des mêmes portables étaient des drapeaux tricolores, si l’on accrochait des guirlandes bleues, blancs, rouges sur les sapins, si les habitants portaient des bracelets au couleurs du drapeau français, quelles seraient les réactions des observateurs ? L’amalgame avec l’extrême droite serait-il permanent ? Le débat reste ouvert…

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