Théâtre – La Vénus au Phacochère

A découvrir cette semaine à Barcelone: un seul en scène qui nous projette dans un Paris d’hier plein d’heureuses promesses sociales et culturelles qui résonnent étrangement avec notre actualité. Une recommandation de notre chroniqueuse théâtre, la comédienne et metteur en scène Sandrine Guise.

Paris 1896 : la Belle Époque bat son plein. Toulouse-Lautrec peint la goulue, Alfred Jarry écrit Ubu roi, Léon Blum parle de la classe ouvrière. Cette effervescence intellectuelle et artistique nous livre trois personnages : Misia, pianiste et muse de nombreux artistes, son mari Thadée Natanson, fondateur de la Revue Blanche, et Geai Simpson, modiste avant-gardiste et libérale. Avec eux, nous allons dans cette Belle Époque et dans leur intimité faite de joies et de passions. Tout basculera lorsque Misia rencontre le très vulgaire et richissime Alfred Edwards, l’homme qui respire les femmes. Ce trio se retrouve dans une étrange situation pour le moins inattendue…

Notre avis

Définitions d’une Vénus et d’un phacochère: la Vénus incarne une femme d’une grande beauté, le phacochère ressemble à un un sanglier venu d’Afrique. Christian Siméon, auteur contemporaine associe ces deux mots et crée « La Vénus au phacochère, un monologue féminin ».

Ce texte est interprété par la comédienne Isabelle Bres qui nous offre une très belle performance. En effet cette dernière se glisse tour à tour dans la peau de la belle Misia, puis du grincheux Thadée et de l’exubérante Geai. Elle esquisse aussi en passant quelques autres portraits. Isabelle Bres enchante le public par son talent, sa présence et le plaisir qu’elle témoigne à nous inviter vers un voyage linguistique où le verbe et la verve pétillent d’intelligence et d’humour. Christian Siméon, l’écrivain de théâtre s’amuse… il crée un texte délicieusement suranné, dans une langue française soutenue sans jamais être pompeuse.

Ce seul en scène nous projette dans un Paris d’hier plein d’heureuses promesses sociales et culturelles qui résonnent très bizarrement avec notre actualité. Il expose par le biais d’une correspondance épistolaire la vie intime, les jeux de pouvoir et de séduction, ainsi que les liens complexes qui unissent le couple Misia-Thadée et ceux des deux amies, Misia-Geai.

La pièce est composée de lettres tantôt amicales, tantôt inquiètes, parfois menaçantes ou de confessions. Par les voix et les corps qu’Isabelle Bres s’ingénie à prendre, les missives se succèdent et Missia se retrouve dans un douloureux processus qui va bouleverser irrémédiablement sa personne et sa vie.

La mise en scène sobre et précise de Cristina Lügstenmann met en valeur le texte. Les ruptures de jeu qu’elle suggère, dynamisent le monologue et mettent en exergue la virtuosité de la comédienne.

Infos pratiques

« La Vénus au phacochère » de Christian Siméon, avec Isabelle Bres de la compagnie Théâtre sur Ottomane

Metteur en scène : Cristina Lügstenmann – Costumes : Léa Lügstenmann

Date et Heure de la prochaine représentation : 20 Février 2015 à 19h

Prix : 15 euros

Lieu: Llibreria Jaimes, carrer València, 318 – 08009 Barcelona

Contact: 93 215 36 13 – [email protected]

L’Auteur

sandrine guise bioSandrine Guise, chroniqueuse théâtre pour Equinox Magazine, est comédienne et metteur en scène.

Elle explore le répertoire classique et contemporain dans le domaine théâtrale. Elle s’aventure aussi dans la création et la performance.

Elle aime à découvrir des univers artistiques différents du sien, des nouveaux textes, des formes… et pouvoir partager ses émotions avec d’autres regards.

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