Le World Press Photo s’installe à Barcelone pour un mois

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A partir de demain et jusqu’au 13 décembre, les gagnants du World Press Photo sont exposés au CCCB. Le concours international de la photographie de presse parcoure chaque année 100 villes et plus de 40 pays.

Photo :  Mads Nissen, Danemark, Scanpix/Panos Pictures

Veure i entendre, c’est le thème de la quinzième édition du World Press à Barcelone. Depuis une dizaine d’années consécutives, l’équipe artistique et les gagnants se déplacent dans la capitale catalane, et plus précisément au CCCB, pour proposer au public la rencontre des photographes, et le visionnage de leur travaux.

Mads Nissen est de la partie. Dernier gagnant en date, il avait marqué les esprits avec sa photographie de Jon et Alex, deux homosexuels à Saint Petersburg.

Ce moment intime, partagé entre les deux hommes, évoque la vie toujours plus difficile des lesbiennes, gays, bisexuels et personnes transgenres (LGBT) en Russie. Ces minorités font face dans leur quotidien à la discrimination légale et sociale, aux attaques violentes des groupes religieux et des nationalistes conservateurs.

« Le but de la photographie est de créer de l’empathie, commente le photographe danois, d’élaborer des connexions à travers les nations, les cultures et les gens« . Plus qu’un prix, pour Mad Nissen, le World Press Photo « apporte une visibilité à des sujets sensibles ».

« La première chose à laquelle j’ai pensé quand j’ai su que j’avais gagné, ça a été d’appeler la communauté LGBT, je savais qu’ils seraient heureux » se souvient le gagnant de l’année 2014.

A las puertas de Europa, court métrage espagnol récompensé

En tout, près de 100 000 images ont été reçues par le jury, de la part de 5 692 photographes, venant de 131 pays différents. L’Espagne en compte 281 et parmi eux, Carlos Spottorno a remporté la troisième place dans la catégorie courts-métrages, avec A las puertas de Europa.

Largement primé, le photographe s’est cette fois-ci consacré à la question des frontières en Europe, sujet d’actualité qu’il a mis en une vidéo de 6 minutes. Ces photographies ont aussi été proposées au jury mais seule l’oeuvre multimédia a été récompensée.

Plus qu’un témoin de la migration, Carlos Spottorno réfléchit à l’Union Européenne, telle qu’il l’a connue lors de l’entrée de l’Espagne, et telle qu’il la voit aujourd’hui : « les États ne souhaitent pas perdre leur souveraineté, analyse le photographe, or c’est le principe même de l’Europe ».

Il a alors choisi ce média pour montrer l’Europe. « La photographie est l’unique manière de transmettre des images, on ne peut pas le faire autrement que par la technologie. Et les images permettent de mieux comprendre les choses. Bien sûr, elles sont aussi sujettes à manipulation, c’est inhérent à la photographie, de par le choix du cadre par exemple. Et les médias y prennent part, ils utilisent la photographie de manière manipulatrice. Le lecteur a une responsabilité aussi, celle de codifier l’image, de connaitre le contexte et de savoir d’où elle vient ».

Pour ça, pas besoin d’exotisme, Carlos Spottorno photographie autant la migration au bord de l’Italie, que les sujets de société en Espagne, notamment avec sa série Indignados, de mai 2011. « Pour gagner le World Press, il ne faut pas tant une image forte, dans le sens avec de l’action, etc… mais une image qui a du sens. La photo qui l’a emporté cette année l’illustre bien. »

L’expo World Press Photo à Barcelone

Inauguration ce soir mercredi 11 novembre à 19h. Demain, jeudi 12 novembre, conférence Estados Fronterizos, avec la présentation des deux courts métrages Frontera Sur de Gianfranco Tripodo et A las puertas de Europa de Carlos Spottorno, puis débat. Visite guidée et atelier autour de la publication de l’intimité par Mads Nissen.

World Press Photo, au CCCB jusqu’au 13 décembre 2015.

Visite guidée, 6 euros. Plus d’informations, ici.

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