Podemos électrise le Parlement espagnol

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Après les discours du candidat socialiste Pedro Sánchez et la réplique du conservateur Mariano Rajoy, c’est Pablo Iglesias de Podemos qui a pris la parole au Parlement, dans le cadre de cette journée de débats pour choisir le président du gouvernement espagnol. L’intervention de Podemos a fini en scandale. Récit.

« Capitulation » : c’est par ce terme que le leader de Podemos qualifie le programme du candidat socialiste Pedro Sánchez. Et ce n’est que le début du réquisitoire. Pour Pablo Iglesias, le parti socialiste est coupable d’avoir « créé un enrichissement rapide de l’Espagne (référence à la bulle immobilière), de crimes d’Etat et de trafic d’influence ». Le chef de Podemos insiste sur le fait que l’ « on ne peut pas parler d’Etat-Providence tout en menant une politique suicide pour être dans l’accomplissement du déficit que réclame l’Union européenne. » 

Puis, c’est au tour de Ciudadanos de recevoir les foudres de Podemos : « Les socialistes devraient se méfier d’Orange mécanique et de ses amis de l’Ibex 35 ». Pablo Iglesias fait référence à la couleur du logo des centristes et de leur influence supposée dans le milieu des grandes entreprises espagnoles.

Au final, les prises de parole de Pablo Iglesias se sont terminées sous les sifflets des socialistes, lorsqu’il a déclaré que c’était la vieille garde du parti socialiste, l’ancien premier ministre Felipe Gonzalez « qui a interdit un accord avec Podemos ». Il a également ajouté : « Vous devriez vous méfier de lui, puisqu’il a été sali par l’affaire de Cal viva » (NDLR: une affaire policière clandestine pour lutter contre le terrorisme dans les années 80).

Incident au parlement : Pablo Iglesias accuse les socialistes qui répondent par des huées

 

Par ailleurs, Pablo Iglesias a encore réussi à faire le buzz en embrassant sur la bouche en plein parlement, le député Xavier Domenech, porte parole de Podem, la branche locale de Podemos en Catalogne.


Lire aussi : Résumé du discours d’investiture de Pedro Sanchez


Tout comprendre

Pourquoi le Parlement espagnol ne va voter que cette semaine pour choisir un chef du gouvernement, alors que les élections ont eu lieu le 20 décembre dernier?

Le système espagnol est très lent car il s’agit d’un schéma parlementaire. Les groupes parlementaires ont entamé de longues négociations pour tenter d’élire un président. Depuis les élections du 20 décembre – comme aucun parti politique ne dispose de la majorité absolue – les négociations se sont éternisées, d’où un délai extrêmement long.

Concrètement que va-t-il se passer ? 

Hier, le socialiste Pedro Sánchez a présenté son discours de candidature devant le parlement. Aujourd’hui , tous les porte-paroles des groupes parlementaires vont lui répondre. A 23h, les députés voteront pour ou contre l’investiture. Pour être élu chef du gouvernement, Pedro Sánchez devra recevoir une majorité absolue de votes en sa faveur.

Dans le cas contraire, il y aura une deuxième journée de débat vendredi 4 mars, avec un second tour, où une simple majorité de votes en sa faveur (plus de oui que de non) suffira pour gagner. Dans le cas où Pedro Sanchez n’est toujours pas élu vendredi soir, le Parlement aura un délai de 60 jours pour élire un nouveau candidat, qui devra obtenir une majorité. Dans le cas inverse, au terme de ce délai, le Parlement est dissous et de nouvelles élections ont lieu.

Le socialiste Pedro Sánchez va-t-il être élu cette semaine ?

Ça va être dur. Pour être élu aujourd’hui, Pedro Sánchez a besoin de 176 votes. Pour l’instant, le candidat dispose de 130 oui, ceux des 90 députés socialistes et 40 des parlementaires centristes de Ciudadanos, avec lesquels un accord a été conclu. Les 123 élus du Partido Popular (droite), les 69 parlementaires de la gauche populiste de Podemos et les 17 députés indépendantistes catalans voteront contre Pedro Sanchez, ce qui donne un bloc de 188 votes négatifs.

Pour être élu, lors du second tour vendredi, le socialiste a absolument besoin d’une abstention de Podemos ou du Partido Popular. Les centristes de Ciudadanos essaient de négocier -en vain- avec la droite du Partido Popular afin que le groupe s’abstienne. Ce qui faciliterait l’élection de Pedro Sánchez dans une ambiance de grande coalition centriste et modérée.

Désespérément, les socialistes essaient de négocier avec les Indignés de Podemos pour former « le gouvernement du changement », c’est-à-dire sans la droite. Les populistes de Podemos refusent de s’associer aux socialistes en raison du pacte qui a été passé avec les centristes. Ciudadanos a de son coté annoncé qu’il romprait l’accord si les socialistes s’associaient avec Podemos.

 

Rapport de force de la coalition Parti Socialiste + centristes de Ciudadanos

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