Les 4 erreurs que font les Français qui lancent leur boîte à Barcelone

Toutes les semaines, de nouveaux Français viennent s’installer à Barcelone pour ouvrir leur entreprise mais devenir « autónomo » n’est pas toujours évident. Il peut suffire de quelques erreurs pour que le rêve se transforme en cauchemar. Voici le top des erreurs les plus fréquentes à éviter pour bien lancer son affaire en Espagne.

1. Sous-estimer les démarches et coûts administratifs

« Il y a des clients qui viennent et ne savent pas comment ça se passe pour devenir autónomo. Ils manquent de préparation sur les démarches à effectuer. Je dois tout gérer pour eux » explique Florent Boullier, responsable du développement commercial à Gesoffice et créateur du groupe d’échange des autonomos français de Barcelone. « Être autónomo en Espagne c’est différent du statut d’auto-entrepreneur en France. Il faut savoir ce que le statut implique. Certains pensent qu’être autonomo ça coûte zéro euro la première année comme en France sauf que ce n’est pas le cas. Il faut bien préparer les choses et surtout ne rater aucune étape, les faire en entier » appuie-t-il. Les démarches sont en effet nombreuses et nécessitent du temps.

2. Être impatient

L’envie de lancer son entreprise le plus vite possible peut être préjudiciable. « Ici en Catalogne on dit beaucoup « poc à poc » car y aller petit à petit, cela permet de réfléchir et de s’informer » indique Florent Boullier.
Se renseigner sur Internet n’est néanmoins pas évident. Il suffit de voir les premiers résultats sortant sur le moteur de recherche Google lorsqu’on tape « auto-entrepreneur Espagne »:
google-auto-entrepreuneurLes deux premiers sites sont des annonces publicitaires promettant la création d’une entreprise en 24h pour la modique somme de 2 000 ou 2 500 euros. « Créer une société en Espagne ça ne coûte pas aussi cher. Grand maximum 1 000 euros. Ces sites proposent de créer une SARL dans la journée, sans dépôt de capital et sans être obligé d’avoir le statut de résident en Espagne. En plus dans la bannière on trouve des logos de fausses institutions. Ça sent l’arnaque » analyse Florent Boullier.

Les autres résultats référencés dans le haut de la liste datent de 2012 et ne sont donc pas à jour quant au droit du travail. Le lien le plus récent provient d’un article de notre site publié en 2015. L’absence d’un site officiel de l’État peut surprendre sur ce type de recherche. Le responsable en développement commercial résume: « Il n’y a pas d’informations publiques en français sur le statut d’autónomo. Le référencement Google est mauvais, on trouve des sites louches et sur les blogs il y a souvent des avis négatifs qui découragent les futurs entrepreneurs, les déboussolent. » Mettre son moteur de recherche en espagnol avec l’extension « .es » peut permettre de trouver plus de résultats pertinents.

Du temps, il en faut aussi pour lever des fonds. « Il y a beaucoup de Français qui arrivent avec un capital et si leur affaire ne marche pas au bout de six mois ils paniquent. Mais il faut du temps pour se faire connaitre des investisseurs et faciliter une levée de capitaux » raconte Pascal Bourbon, fort de sa triple casquette d’entrepreneur, professeur d’entrepreneuriat à la Toulouse Business School de Barcelone mais également investisseur.

3. Se fier à ses propres connaissances

« Il y a un égo français de vouloir faire péter le marché à la Napoléon en créant sa boîte. Le problème du Français quand il ne parle pas espagnol ou ne connaît pas le droit du travail du pays c’est qu’il est obligé de faire confiance à un gestor. Et paradoxalement, le Français a du mal à faire confiance » se désole Florent Boullier. Le gestor est pourtant indispensable lors de la création d’une entreprise. C’est lui qui va s’occuper du droit du travail, faire les modèles de factures, déclarer les charges, et conseiller l’entrepreneur sur les contrats à choisir lors du recrutement.

En plus du gestor, être entouré d’associés peut renforcer les compétences de l’entrepreneur. « Je recommande de ne pas démarrer une activité seul mais plutôt sur une base de deux-trois personnes bien choisies lors de la préparation du projet. » Cela a plusieurs avantages selon Pascal Bourbon. « Au niveau de la levée des fonds cela rassure les investisseurs, cela permet une complémentarité  des compétences et une meilleure connaissance du secteur » condense l’entrepreneur avant d’ajouter :« et puis une équipe c’est bien car quand il y a du succès on peut trinquer avec quelqu’un et quand ça va mal on peut partager ses difficultés, s’épauler. »

4. Vouloir trouver un concept (trop) original

Contrairement aux idées reçues, il ne faut pas avoir « l’idée du siècle » pour lancer son entreprise à Barcelone. « Les entrepreneurs se plaignent qu’il n’y a pas assez de fonds et les investisseurs qu’il n’y a pas assez de bons projets. Un bon projet ce n’est pas forcément un projet novateur sur le plan technologique mais plutôt sur l’approche » explique Pascal Bourbon. « Par exemple Zara, ce n’est pas innovant de vendre des vêtements. Ce qui l’est, c’est l’idée de renouveler ses collections non pas toutes les quatre saisons comme toutes les boutiques mais toutes les six semaines. Ils font dix saisons par an et l’innovation est là » illustre le professeur d’entrepreneuriat à la Toulouse Business School de Barcelone.

Quoiqu’il en soit, le degré de motivation et de préparation sont les clés. Et puis, « les Français ne font pas plus d’erreurs que les Anglais ou que les Allemands » relativise Pascal Bourbon.

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