Cet attentat à la veille des élections espagnoles qui a bouleversé le résultat

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Le vote de l’élection présidentielle ce dimanche, pour la première fois de la Ve République sous état d’urgence, va se dérouler dans une tension extrême. L’attentat de Paris d’hier va-t-il changer la donne ? L’attaque terroriste de Madrid en 2004 avait radicalement impacté le résultat du scrutin.

Il est 07h30 du matin ce jeudi 11 mars 2004. Comme chaque jour des centaine de milliers de Madrilènes transitent par la gare d’Atocha et ses trains de banlieues pour se rendre sur leur lieu de travail. 07h32 une première explosion retentit semant la panique dans une des plus grande gares d’Europe. Elle sera suivie de neufs autres détonations, autant que le nombre de bombes qui faucheront entre 07h32 et 07h39 191 vies et blesseront près d’un millier de personnes.

Nous sommes à 72 heures d’une élection législative où le conservateur Mariano Rajoy est le grand favori face à un Jose-Luis Zapetero complètement inconnu du grand public, et jugé très peu crédible. Mariano Rajoy doit être le successeur du très droitier premier ministre Jose-Maria Aznar alors au pouvoir. Dans les heures suivant l’attentat meurtrier, le gouvernement a attribué ces attentats à l’organisation indépendantiste basque ETA. Cependant, les responsables du parti Batasuna, à l’époque vitrine politique de l’ETA, ont déclaré ne pas pouvoir croire que l’ETA soit impliqué. Le flou était total, il a fallu attendre plus de deux jours pour que la piste du réseau terroriste islamiste Al-Qaïda commence à devenir crédible et que les doutes concernant la responsabilité du groupe basque soient remis en doute.

Les conséquences politiques

A 72 heures des élections législatives, tous les partis politiques interrompent leurs campagnes. Le premier ministre Aznar proclame trois jours de deuil national. Des manifestations contre ETA ont lieu dans tout le pays. Au fur et à mesure des heures, le doute s’installe parmi la population : si l’attentat est finalement un acte islamiste, pourquoi le gouvernement s’est-il empressé d’accuser le groupe terroriste basque ?

Le samedi, veille de l’élection, la tension est maximale. A mots couverts, les socialistes laissent sous-entendre que si le gouvernement a accusé les Basques au lieu des islamistes, c’est que l’Espagne a été frappée en raison de sa participation dans la guerre du Golfe. Pour ne pas assumer sa responsabilité, le gouvernement conservateur aurait tenté de cacher la vérité au peuple espagnol. Si 13 ans plus tard, la lumière n’est pas totale dans cette affaire, il est clair que le résultat de l’élection en fut bouleversé. De favori, le conservateur Rajoy fut laminé dans les urnes et l’inconnu socialiste Zapatero a remporté le scrutin.

La situation en France

L’ombre menaçante des attentats plane comme un couperet au-dessus du scrutin présidentiel 2017. L’attentat déjoué de Marseille mercredi, et la fusillade jeudi en pleins Champs-Élysées fait monter d’un cran la tension. L’annulation du déplacement en Bretagne du président Hollande et le brutal arrêt des campagnes de François Fillon et Marine Le Pen dramatisent un peu plus les dernières heures pré-électorales. Marine Le Pen a terminé sa dernière apparition télévisuelle jeudi sur France 2 par un discours très martial, une déclaration de guerre contre les terroristes islamistes.

Il est de bon ton de subodorer que les attentats renforcent la candidate du Front National. L’effet inverse peut aussi se produire, voulant éviter la politique du pire les transferts de voix peuvent aussi se reporter sur des candidatures plus modérées. Pour le spécialiste de l’extrême-droite française Nicolas Lebourg, « Marine Le Pen se voit reconnaître son énergie mais est vécue comme quelqu’un de sectaire, de négatif pour la paix civile. Dans ce pays de culture unitariste, le 11 janvier 2015 nous disait bien qu’il y avait un désir de rassemblement. L’autoritarisme peut en paraître une voie, mais uniquement [..] en cas d’événement prodigieux, tel qu’un massacre extraordinaire avant le vote, comme en Espagne celui d’Atocha juste avant le scrutin avait bougé les rapports de force ».

L’historien ajoute que « c’est un souci de l’extrême droite française : elle dépend plus des événements contextuels que d’elle même », estimant que « en l’état présent, le FN ne me semble pas être en mesure de l’emporter ».

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