S.Cazebonne, la candidate d’En Marche à l’assaut de la circonscription des Français d’Espagne

Portrait de campagne. Par Nico Salvado, fondateur d’Equinox

Souvent en politique, on a l’habitude d’abuser de l’expression « homme (ou femme) pressé(e) ». Pour le coup Samantha Cazebonne, la candidate aux législatives de La République En Marche (LREM) sur la circonscription Espagne-Portugal-Andorre-Monaco, est vraiment une femme pressée. Cette proviseure, en disponibilité, du lycée français de Palma de Majorque, n’a que trois semaines pour faire campagne, LREM n’ayant attribué ses investitures qu’au tout dernier moment. Un peu moins d’un mois pour convaincre des Français résidant dans quatre pays différents, l’exploit reste à portée de main, tant le résultat d’Emmanuel Macron sur la circonscription fut élevé lors du premier tour de la présidentielle (37,31%). Du coup, Samantha Cazebonne a envie qu’on la connaisse avant de voter pour elle, histoire de ne pas être la future députée de la circonscription élue par défaut, uniquement grâce à l’étiquette En Marche.

Autour d’un café dans un hôtel de Barcelone, avant qu’elle ne prenne son avion pour poursuivre sa campagne à Madrid, j’ai pu prendre le pouls de cette candidate surprise. « Je suis légitime, j’ai beaucoup œuvré pour sauver le lycée de Palma qui devait fermer quand je suis devenue proviseure il y a trois ans. Ce que j’ai fait avec ce lycée, je veux le faire pour les Français de la circonscription » s’enthousiasme la marcheuse. Le lycée de Palma offre une belle vitrine pour Samantha Cazebonne qui doit faire face à un déficit de notoriété.

Personne ne s’attendait à la candidature de la proviseure, au point que une candidate malheureuse à l’investiture dans la circonscription, l’avocate barcelonaise Anne Petit, ait publié un témoignage dans le pure player conservateur Atlantico pour dénoncer un manque de transparence. « Une intox » selon le conseiller consulaire UDI Pierre-Olivier Bousquet qui vient de rejoindre officiellement l’équipe de la candidate de LREM. La tension est à son maximum, tant la candidate des Républicains Laurence Sailliet était donnée favorite jusqu’à la brutale élimination de François Fillon. LREM occupe une grande partie de l’espace électoral réservé aux partis de gouvernement avec une Samantha Cazebonne au profil assez social, contre-balancé par son mandataire financier Pierre-Olivier Bousquet qui offre un visage « plus à droite » mais aussi par son suppléant Stéphane Vojetta, qui dirigeait le comité de soutien à Alain Juppé de la circonscription. « Laurence Sailliet n’est pas sur le terrain, elle est sur Facebook à mettre des selfies, ce n’est pas une campagne électorale c’est un roman-photo » persifle à Equinox un ancien collaborateur de la candidate des Républicains aujourd’hui, lui aussi, en marche.

samantha cazebonne espagne

Samatha Cazebonne dit assumer l’héritage du député sortant Arnaud Leroy. Ce socialiste-frondeur fut l’un des tous premiers soutiens d’Emmanuel Macron. « J’aime sa logique » me confie la candidate, un poil admirative. Fiscalement, Samantha Cazebonne souhaite garder les impôts des Français de l’étranger pour les Français de l’étranger. Selon elle, cela doit être une boucle vertueuse, si les expatriés paient des impôts en France, le montant prélevé doit être utilisé pour les Français établis hors de France. Prudente, la candidate me confie vouloir « mettre tout cela au conditionnel, c’est l’esprit, mais les choses pourront évoluer ».

L’impétrante, qui vit depuis 3 ans dans la circonscription, assure qu’elle ne désertera pas le territoire si elle est élue. Elle continuera à vivre avec sa famille à Palma et affirme vouloir mettre sur la circonscription trois attachés parlementaires, afin de garder le lien avec les citoyens. Une hérésie pour la candidate socialiste Gabrielle Siry qui assure que non seulement la marcheuse se serait inspirée de ce point sur son programme, mais aussi que trois assistants sur le terrain c’est impossible, l’un au moins devant se trouver à Paris. En ce qui concerne l’éducation, Samantha Cazebonne souhaite améliorer le système des bourses en gardant l’esprit de la proportionnalité du montant de l’allocation avec les revenus de l’ayant-droit. Enfin sur l’épineuse question de l’indépendance catalane, la candidate ne souhaite pas exprimer d’opinion et note que personne ne lui en parle lors de ses rencontres avec les Français expatriés.

Donnée favorite, la candidate veut rester prudente. L’étiquette LREM et une campagne intense à travers la circonscription seront-elles suffisantes pour contrer d’autres candidats qui battent la campagne depuis près d’un an?

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