Tensions entre les indépendantistes et Madrid sur fond de risque terroriste à Barcelone

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Nous en faisions mention hier dans ces colonnes, le gouvernement catalan estime qu’il manque d’effectifs de police en Catalogne suite au refus du Ministère des Finances espagnol de créer 500 nouveaux postes de gardiens de la paix catalans. Une polémique qui ne cesse d’enfler, les responsables indépendantistes évoquant le risque d’attentats terroristes si la situation persiste. 

En ce lundi caniculaire, le Conseiller à l’Intérieur catalan Jordi Jané se recueillait au Palau del Lloctinent, ce lieu à la mémoire tragique où il y a 30 ans jour pour jour, Barcelone connaissait l’un de ces pires attentats terroristes.Le 19 juin 1987, l’organisation terroriste basque ETA faisait exploser un véhicule piégé devant l’Hipercor, fauchant la vie de 21 personnes et en blessant 45 autres.

Dans un discours auquel assistait une bonne partie du gouvernement espagnol, le Ministre de l’intérieur catalan s’est montré ferme : ”nous avons besoin de collaborer, nous avons besoin de la meilleure collaboration possible, nous devons être unis contre le terrorisme djihadiste. Nous avons l’obligation de lutter avec tous les composantes nécessaires, c’est le meilleur hommage aux victimes. »  

Si Jordi Jané insiste autant sur le besoin impérieux de collaboration de toutes les composantes, c’est que la police catalane se trouve hors jeu dans la lutte anti-terroriste. Le premier flic de Catalogne demande à ce que les Mossos d’Esquadra, la police catalane, puisse accéder aux fichiers internationaux de l’Europe et participer aux réunions du conseil de sécurité nationale afin de consulter les renseignement anti-terroristes. La tension est montée d’un cran avec la réponse du Ministère espagnol de l’Intérieur qui explique que la police catalane ne peut pas assister à ces réunions de sécurité à cause du processus indépendantiste.

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Jordi Jané lors de l’hommage aux victimes de l’attentat de l’Hipercor

 

Jose-Antonio Nieto, Secrétaire d’État espagnol chargé de la sécurité, a toute une théorie bien établie. Selon ce haut fonctionnaire, “les citoyens ne comprendraient pas une réunion de ce type dans un climat de défiance et de confrontation avec une administration où l’on utilise des mots comme « désobéissance » ».  Une position radicale du Ministère espagnol, quand on sait qu’un cordon politique sanitaire est déployé autour de la police catalane pour que celle-ci puisse garder une neutralité sans faille à l’intérieur du débat indépendantiste .

« Si une attaque se produit en Catalogne, ça sera de la faute de Madrid »

Surtout que cette affaire vient s’ajouter à la polémique sur l’annulation d’un concours de recrutement de Mossos d’Esquadra. Le gouvernement espagnol empêche la Generalitat de créer 500 nouveaux postes de policiers, et pour des raisons budgétaires, estime que seuls 50 postes seront possibles. Aveugle par son impossibilité à accéder aux renseignements de sécurité et nue avec son manque d’effectif, la Catalogne s’estime fragilisée face à la menace terroriste qui est située au niveau 4 sur une échelle allant jusqu’à 5.

Traduction dans le verbe des indépendantistes : si une attaque se produit en Catalogne ça sera de la faute du gouvernement central qui « met en danger tous les citoyens » selon le vice-président catalan Oriol Junqueras. « L’État espagnol est cynique » complète Jordi Turull, le président du groupe indépendantiste au parlement catalan.

Alors que les Catalans ne représentent que 13% de la population espagnole, 37% des arrestations djihadistes en Espagne ont lieu en Catalogne.

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