Indépendantisme: le Barça entre le marteau et l’enclume

Le Barça entre le marteau unioniste et l'enclume indépendantiste à quelques jours du référendum

Ni unionisme, ni indépendantisme: le Barça souhaite être au plus près de la société catalane sans prendre position dans le débat qui fait rage. Un grand écart difficile et mal compris.

Photo: OG / Equinox

Le F.C. Barcelone, comme disait Vázquez Montalbán, est « l’armée d’un pays désarmé ». La tête de pont de la Catalogne. L’institution mondialement connue du « pays » comme disent les Catalans de leur région. Le F.C. Barcelone fait office de réceptacle des aspirations de la société catalane à travers les opinions de ses 150.000 socios, à la fois membres et propriétaires du club. Le Camp Nou était par exemple l’un des seuls endroits sous Franco où l’on pouvait parler catalan sans risquer de se faire pointer du doigt par la police. Aujourd’hui, le Barça se positionne clairement en faveur du référendum du 1er octobre, symbole à ses yeux de la liberté d’expression. La direction refuse en revanche de prendre position pour l’un ou l’autre camp. Une décision qui fait grincer des dents.

Le Barça joue neutre

La Junte actuelle élue en 2015 et présidée par Bartomeu est bien différente de celle de Laporta, président du Barça de 2003 à 2010 et indépendantiste convaincu. Certes, elle est complaisante avec les associations indépendantistes. Comme il y a deux ans, le club les a laissé distribuer 30.000 esteladas devant le Camp Nou avant un match de Ligue des Champions pour protester contre l’amende donnée par l’UEFA, l’organisme qui régit le football européen, pour l’exhibition de ces mêmes drapeaux indépendantistes lors de la finale de la Ligue des Champions en 2015. Le club prenait alors des risques sportifs puisque le Camp Nou était menacé de suspension pour les compétitions européennes. Qui plus est l’UEFA n’avait pas apprécié que les volontaires bénéficient d’une invitation du club pour voir le match. L’affaire s’est finalement résolue diplomatiquement un an plus tard. Les esteladas sont désormais acceptées en compétition européenne au nom de la liberté d’expression de chacun.

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Bartomeu et sa Junte sont plutôt les héritiers de Nuñez, premier président du Barça démocratiquement élu par les socios après la mort de Franco en 1978. Le géant de l’immobilier avait alors gagné sur son programme « Pel un Barça triomfant », « Pour un Barça gagnant », sans revendication politique aucune. Le F.C. Barcelone est avant tout une marque qu’il s’agit de faire grandir. Qui plus est, tous les socios ne sont pas indépendantistes. Malgré tout, le club s’est positionné en mai dernier en faveur du référendum du 1er octobre puis a condamné « toute action pouvant interdire la liberté d’expression » alors que la Guardia Civil arrêtait plusieurs élus le 20 septembre dernier. « Être en faveur du référendum ne veut pas dire prendre partie, ce serait une erreur » a déclaré en mai dernier le président Bartomeu devant le Sénat du F.C. Barcelone, qui regroupe les socios ayant le plus d’ancienneté. « Nous devons être respectueux envers toutes les opinions du moment qu’elles sont elles mêmes respectueuses et démocratiques » a-t-il expliqué.

Un ni-ni mal accepté

Le problème pour le Barça, c’est que cette position ne satisfait personne. Les propres penyas du Barça, véritables ambassades du club là où elles se trouvent, cristallisent les divisions. La Fédération de Castilla-et-León, dans le centre de l’Espagne, a ainsi exprimé « de manière unanime son rejet au communiqué du 20 septembre » alors que celle de la Fédération de Valencia i Marina Alta au contraire le défendait.

Le F.C. Barcelone est donc toujours sur le fil, soucieux de contenter ses supporters pro-espagnols, ceux du monde entier, dont beaucoup ne comprennent pas où est le problème du moment que Messi marque des buts, et ceux pro-indépendantismes. « Nous avons reçu des pressions afin de nous positionner dans un sens ou dans un autre » a même avoué Bartomeu, toujours en mai devant le Sénat blaugrana. La neutralité est une position commune acceptée par tous, même si nos avis sur la question diffèrent selon les membres de la Junte. Ce qui a fait dire le 11 septembre au vice-président Carles Villarubi que « le Barça jouera avec Gérone et l’Espanyol ».

Ni l’Espagne, ni la Catalogne, même si l’association indépendantiste Un Crit Valent ont demandé mardi au club de jouer dimanche avec le maillot de la Senyera, le drapeau de la Catalogne. « Nous souhaitons que le Barça continue d’appuyer ce que décident les institutions catalanes » a commenté Quim Molins, vice-président de l’association à Equinox. Une pétition symbolique qui pourrait aboutir si le Barça en fait la demande à la Ligue de Football Espagnol, et que celle-ci accepte. Mais ce midi, le vice-président Jordi Cardoner a affirmé que Messi et ses coéquipiers porteront le maillot bleu et grenat. « Nous n’allons pas faire la demande à la Ligue des Football Professionnelle parce qu’elle dira non. Nous porterons la Senyera avant le match, ce sont les couleurs des maillots d’entrainements, et dans nos cœurs ». 

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