Indépendance : comprendre ce qu’il se passe

parlement de Catalogne

Beaucoup se perdent dans le labyrinthe catalan, encore plus aujourd’hui dans cette folle journée. Explications 

Depuis ce matin règne une ambiance de grande confusion en Catalogne. Le président Carles Puigdemont devait d’abord s’exprimer lors d’une allocution institutionnelle à 13h30, d’abord retardée puis annoncée comme suspendue. Finalement, cette comparution a bien eu lieu à 17h au Palau de la Generalitat. L’occasion pour le molt honorable président de revenir sur les évènements que traverse la Catalogne depuis six semaines et d’annoncer son plan d’action.

Flashback

Début septembre 2017, le parlement vote deux textes : les lois encadrant le referendum et celle de transition qui prévoit la déclaration unilatérale d’indépendance si le oui triomphe lors du référendum non autorisé par l’Espagne. Le 1er octobre malgré les violences émises par la Guardia civil et la police nationale, le référendum a bien lieu. 2 262 424 bulletins de vote ont été glissés dans les urnes catalanes et le « oui » l’a emporté avec 90 % des voix.

Le 10 octobre alors que toutes les caméras internationales sont tournées vers le président de la Generalitat, l’indépendantiste fait un pas en arrière. Après avec déclaré à demi-mot l’indépendance de la région, Puigdemont demande au Parlement de la suspendre le temps de quelques semaines pour tenter un dernier dialogue avec le gouvernement espagnol. L’indépendance de la Catalogne aura duré 8 secondes.

Le lendemain, dans une lettre adressée au président de la Catalogne, Mariano Rajoy lui demande de clarifier sa situation : a-t-il oui ou non déclaré l’indépendance de la Catalogne ? Si la réponse est positive, le gouvernement espagnol annonce qu’il déclenchera l’article 155. Cet article de la constitution espagnole permet de suspendre l’autonomie de la Catalogne et de prendre le contrôle de la totalité ou d’une partie des compétences de la Generalitat : éducation, police, justice ou financement. Du jamais vu dans l’histoire de l’Espagne. Pour la deuxième fois, Puigdemont joue la carte du « ni oui ni non » en évitant de répondre à l’ultimatum de Madrid et en proposant une nouvelle fois le dialogue. Une réponse non valable pour l’Espagne. Cette relation épistolaire aboutira au déclenchement de l’article 155.

Une journée mouvementée

Ce midi, Carles Puigdemont a tenté de trouver un accord avec le gouvernement espagnol. Des élections régionales ont été proposées afin de freiner le processus d’indépendance. En échange, le président a négocié la libération des « Jordis ». En effet, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, présidents des associations indépendantistes ANC et Omnium, ont été placés en détention préventive par la justice espagnole depuis lundi 16 octobre pour sédition. Carles Puigdemont a demandé leur libération immédiate ainsi que le retrait des 10.000 agents de police espagnole en Catalogne mais surtout l’arrêt de l’article 155.

À Madrid, les premiers désaccords se font ressentir. Le parti socialiste, PSOE, se dit prêt à accepter la proposition du président Carles Puigdemont. Le partido popular, quant à lui, ne cède pas. Face à ce rejet, Puigdemont renonce aux élections et convoque le Parlement. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le processus indépendantiste semble suivre son cours. Les députés catalans débattent dans l’hémicycle du parlement Demain, une déclaration d’indépendance unilatérale devrait être votée, ou pas. L’instabilité est grande. Un nouveau grand coup de théâtre est à prévoir…

 

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