M.Rajoy : « Si le gouvernement catalan s’était comporté loyalement, nous aurions eu moins de problèmes »

Mariano Rajoy s’est exprimé sur la radio espagnole COPE, lors d’une longue interview. L’occasion pour le chef du gouvernement espagnol de revenir sur la crise catalane, sa relation avec Carles Puigdemont et les prochains enjeux électoraux.

Le bilan de l’article 155 et le futur de la Catalogne

Mariano Rajoy a jugé l’activation de l’article 155, qui permet la mise sous tutelle de la Catalogne, comme « un acte exceptionnel, sans précédent en Espagne ». Au vu de la situation, selon Rajoy, les choses se déroulent de façon raisonnable: « les services publics fonctionnent bien ». Pour le chef du gouvernement espagnol, les seuls responsables de cette situation sont évidemment les membres du gouvernement catalan: « S’ils avaient été loyaux, ils nous auraient évité de nombreux problèmes. »

Mariano Rajoy annonce un retour à la normale, en raison des élections du 21 décembre convoquées par lui-même. Le premier ministre a expliqué que ce scrutin mettrait fin à l’article 155, sans toutefois donner de précisions sur le délai exact du retrait. Il a souligné que « le vainqueur du vote, quel qu’il soit, devra respecter la loi » en espérant ne pas voir un parti indépendantiste gagner.

Cette interview a aussi été l’occasion pour le chef du gouvernement espagnol de donner des précisions sur le déroulement de la campagne électorale. « Toutes les personnes incarcérées peuvent se présenter » annonce-t-il, « mais il serait absurde qu’une personne en prison devienne ministre ».

Pour le futur de la Catalogne, Mariano Rajoy ne fait aucun pronostic : « Il est difficile de savoir quel type de gouvernement peut se former en Catalogne. Je ne sais pas quelle sorte de coalition peut voir le jour après les élections ». Ce qui est sûr, selon le leader politique, c’est le refus du PSOE à un référendum. Il se félicite et se réjouit que le principal parti d’opposition soit venu soutenir l’activation du 155 : « C’était important que cette décision ne vienne pas uniquement du PP. »

Concernant l’économie catalane, Mariano Rajoy demande que les entreprises reviennent en Catalogne: « j’aimerais qu’on achète des produits catalans ». Logiquement, le premier ministre lie les finances catalanes et espagnoles en pronostiquant que: « l’économie peut prendre jusqu’à 0,6 point l’année prochaine si les choses se tranquilisent».

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Sa relation avec Carles Puigdemont

Mariano Rajoy est ensuite revenu sur sa dernière conversation avec l’ancien président de la Generalitat, Carles Puigdemont. Une discussion « très frustrante où il n’y avait pas de volonté à dialoguer ni à négocier, j’en suis arrivé à la conviction qu’il n’y avait pas de possibilité d’entente. Carles Puigdemont voulait uniquement un référendum. »

Pour Mariano Rajoy, Carles Puigdemont s’est mis dans une situation compliquée lors de son exil à Bruxelles. « Les Catalans ont été trompés » affirme-t-il.

La Catalogne et l’international

Pendant l’interview, Mariano Rajoy s’est exprimé sur les soutiens internationaux mais aussi sur les défenseurs de l’indépendance de la Catalogne. C’est le cas de Julien Assage, fondateur de Wikileaks. Un mystère selon le chef du gouvernement espagnol : « Nous ne savons pas pourquoi cet homme soutient Puigdemont ». Pour Rajoy, il est évident qu’il existe des personnes intéressées par la déstabilisation de l’Europe.

Le chef du gouvernement espagnol s’inquiète de « l’avalanche » de faux profils sur les réseaux sociaux, des « robots » selon lui, utilisés pour lancer des fake news. « C’est une bataille que la démocratie européenne gagnera, nous savons déjà que ces faux profils viennent en majorité de Russie et du Venezuela ».

Lorsqu’il s’agit de parler du soutien de la Belgique en faveur d’une indépendance catalane, Mariano Rajoy est très clair: le Parlement flamand a organisé un vote où seulement quatre voix ont été en faveur de l’indépendance catalane.

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Photo: Radio COPE

La grève

Concernant la grève générale du 8 novembre dernier, pour le chef de l’exécutif espagnol, celle-ci fut un échec cuisant car les grands syndicats ne l’ont pas soutenu. Selon le point de vue de Rajoy, il y a eu quasiment aucun suivi au niveau des transports. C’est pour cette raison qu’une minorité d’extrémistes radicaux indépendantistes ont essayé de faire des blocages analyse le président espagnol.

Les secteurs les plus à droite à Madrid ont demandé avec insistance que le gouvernement espagnol profite de l’article 155 pour revoir les programmes d’éducation en Catalogne qui « endoctrineraient les enfants catalans ». Comme souvent, Mariano Rajoy est resté évasif se contentant de dire que « bientôt, le Congrès des Députés se réunira pour réfléchir sur le travail d’inspection dans l’enseignement catalan ».

Le premier ministre conclut son interview sur Radio COPE par une quasi déclaration de candidature aux prochaines élections générales. « Je me suis senti soutenu par tous les pays de l’Union européenne (…). Je me sens bien, je suis dans une bonne période de ma vie » se félicite Rajoy qui semble parti pour tenter de décrocher un troisième mandat à la tête du pays.

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