L’Espagne empêche les Mossos de se fournir en munitions

crime barcelone

En pleine alerte terroriste, la police catalane n’a plus de munitions pour s’entraîner en raison d’un veto du Ministère de l’Intérieur espagnol.

La relation entre la Catalogne et l’Espagne sera-t-elle un jour normalisée? La tentation de répondre non est grande avec cette nouvelle affaire entre le Ministère de l’Intérieur espagnol et son équivalent catalan. Logiquement la police catalane, comme toutes les forces de l’ordre, a besoin de munitions pour s’entraîner aux tirs régulièrement. Problème, en septembre dernier, le ministre de l’Intérieur espagnol Juan Ignacio Zoido a paralysé les demandes de munitions des Mossos d’Esquadra. En pleine crise indépendantiste, l’Espagne croyait que la Generalitat utiliserait les Mossos contre la Guardia Civil. Un scénario catastrophe qui n’a pas eu lieu. Le ministre n’a jamais avoué publiquement que le blocage de munitions avait un lien avec le référendum indépendantiste. Le premier flic d’Espagne s’est borné à dire que des questions bureaucratiques avaient ralenti les demandes.

Quatre mois plus tard, le veto espagnol est officiellement levé. Les Mossos n’ont cependant toujours reçu aucune munition et les séances de tir d’entrainement sont annulées, ce qui met en risque la sécurité publique dans les rues de Catalogne. Deux modèles de cartouches posent problème. Celui des armes des agents qui utilisent des cartouches de 9 mm des marques Berreta et EDS. Le Ministère de l’Intérieur catalan dispose d’une réserve de munitions jusqu’en juin et donc réduit progressivement les séances de tirs.

Le plus inquiétant réside dans le dysfonctionnement concernant la lutte anti-terroriste. Les unités centrales des Mossos, la Brigada Mobil et l’Arro, patrouillent pour protéger les lieux publics d’éventuels attentats avec des « armes de guerre » qui nécessitent des cartouches de type 5,6 mm. Ici, le manque de munitions est tel que la dernière séance d’entrainement a eu lieu début août, quelques semaines avant les attentats de Barcelone et Cambrils. Les Mossos que l’on croise dans la rue patrouillent donc avec des armes qu’ils n’ont pas utilisées lors d’entraînements depuis 5 mois. Il n’y a pas de séances de tirs prévues jusqu’à nouvel ordre. Une source proche du Ministère de l’Intérieur catalan explique que si les séances de tirs étaient réouvertes, en moins de deux semaines la police catalane se retrouverait sans munition. Les autorités catalanes gardent un stock minimal en cas d’attaque terroriste. Seul le Grup Especial d’Intervenció, l’équivalent du GIGN français, continue de pourvoir s’exercer au tir deux fois par semaine.

Délais de fabrication des cartouches

Dans l’histoire des relations entre les institutions espagnoles et catalanes, il n’y a pas de précédents. Normalement l’achat de minutions et la réception en Catalogne sont automatiques et font partie des affaires courantes. Chaque début d’année, le responsable du matériel des Mossos passe une commande qui est signée par le Ministre de l’Intérieur. Le document passe ensuite par l’organisme central des armes et explosifs de la Guardia Civil, qui le transmet à son tour à la commission interministérielle de l’armement et des explosifs. C’est ce document qui a subi un veto du ministre Zoido. L’entreprise Berreta a été la première à informer la police catalane qu’elle n’avait plus d’autorisation pour envoyer des cartouches aux Mossos.

Le veto du ministre est aujourd’hui levé, mais le responsable du matériel des Mossos doit refaire depuis le début une demande administrative. Le retard accumulé ne peut pas être rattrapé facilement. Les Mossos ont commandé 3 millions de cartouches à la marque Bereta. Interrogé par nos confrères de la Vanguardia, le fabricant explique que le marché des armes est « un secteur en pleine expansion ». Il y a quelques années, les cartouches auraient été fabriquées en deux mois. Mais en 2018, au vu de la forte demande du secteur, il faut attendre jusqu’à huit mois pour être livré. Les munitions sont fabriquées sur mesure pour chaque corps de police, il n’y a donc pas de stock en réserve.

L’Espagne est actuellement en alerte terroriste 4 sur une échelle allant jusqu’à 5.

Recommandé pour vous

medecin français à Barcelone