Le concept bancal du nouveau gouvernement indépendantiste

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Puigdemont à Bruxelles, un président en prison, des décisions à court terme: le prochain gouvernement risque d’être bancal.

L’accord est sur le point d’être conclu jurent les députés indépendantistes qui croisent des journalistes dans les travées du Parlement catalan. Ça fait, maintenant, plus de deux mois que les proches de l’exilé Carles Puigdemont (34 députés de centre droit) négocient avec l’entourage du prisonnier Oriol Junqueras (32 députés de centre gauche).

Sauf coup de théâtre, Carles Puigdemont a pris la décision de renoncer à se faire investir via un vote des députés du Parlement catalan. Une démarche, qui viserait une nouvelle fois à désobéir au Tribunal constitutionnel. Pas de martyrs de plus qui partiraient en prison se défend-on du côté de la gauche républicaine pour ne pas offrir à Puigdemont une investiture du Parlement connectée en vidéo depuis Bruxelles. Carles Puigdemont ne va pas disparaître des écrans pour autant. Il va probablement devenir président du Conseil de la République catalane. En l’espèce, Puigdemont et ses amis vont monter une structure privée qui défendra, depuis la Belgique, le développement de la République catalane. Dans un discours qui devrait être prononcé dans les prochains jours, annonce-on dans les cercles souverainistes, Puigdemont devrait expliquer qu’il a fait le maximum depuis Barcelone pour instaurer la République.

Face à  la répression espagnole, l’article 155 et la surveillance qui sera imposée au gouvernement catalan lors des prochaines années, il n’est plus possible de faire quoi que ce soit depuis Barcelone pour faire avancer l’indépendance, devrait détailler Puigdemont dans son discours. En revanche, selon son équipe, depuis Bruxelles tout reste possible, les propositions et déclarations ne pourront pas être sanctionnées par les tribunaux espagnols.

A Barcelone, pour lever l’article 155, il faut former un gouvernement et avant toute chose que le Parlement investisse un président. Puigdemont souhaite rester seul sous le feux des projecteurs. Il devrait annoncer en même temps que son retrait, qu’il a choisi pour lui succéder Jordi Sànchez. Cet ancien président de l’association indépendantiste ANC est actuellement incarcéré.

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Jordi Sànchez

Le plan de Puigdemont est qu’il n’y ait pas une figure active qui puisse le remplacer. Avec le nouveau président de la Catalogne Jordi Sànchez en prison, ça serait donc le porte-parole du gouvernement qui gérerait les affaires courantes. Une tâche qui incomberait à Jordi Turull. Un second couteau laissant toute la place médiatique à Puigdemont.

La gauche réticente

Les républicains de gauche considèrent que Puigdemont prend un peu trop de place en promouvant uniquement ses proches: Sànchez à la présidence et Turull à la gestion des affaires quotidiennes. Le statut de la Catalogne prévoit que si le président est empêché, ce qui serait le cas de Jordi Sànchez en prison, c’est le vice-président du gouvernement qui prend automatiquement sa place. La gauche considère que la vice-présidence lui revient, comme c’était le cas lors de la précédente législature, et veut donc l’occuper. Dans le grand jeu des chaises musicales, la gauche prendrait, via sa vice-présidence, directement la place du président une fois Jordi Sànchez investi.

Pour résoudre le problème, Puigdemont propose tout simplement de supprimer la vice-présidence comme l’autorise le statut de la Catalogne. Obstruction de la gauche et difficultés de faire avancer les négociations. Les deux partis ont bataillé ferme pour avoir le contrôle sur les médias publics. Finalement, les amis de Puigdemont garderont la direction de TV3 et Catalunya Radio, tandis que ERC présidera l’entité globale gérant les médias audiovisuels.

Concept bancal

Le Conseil de la République de Carles Puigdemont aura une influence très limitée dans la real politique, puisque ce sera une fondation privée. Quant au rôle international que veut jouer Carles Puigdemont, peu de chances que plus de portes de chancellerie s’ouvrent en 2018, qu’au cours de ces cinq dernières années. Par ailleurs, Puigdemont affirme pouvoir faire avancer plus de pions depuis Bruxelles sans être rattrapé par les lois espagnoles. Ici encore c’est fragile, dans la mesure où le juge Llarena devrait réactiver le mandat d’arrêt en avril visant à la capture de l’ancien président. Soit Puigdemont sera ramené en Espagne, soit il devra se réfugier dans un nouveau pays.

Quant à Jordi Sànchez en prison et Jordi Turull gestionnaire des affaires courantes, ce sont deux personnes sur lesquelles planent une menace d’inéligibilité, suite à leur mise en examen dans l’affaire de la déclaration d’indépendance. Une peine qui devrait être prononcée en avril et qui sortirait automatiquement du jeu, les deux substituts de Puigdemont.

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Jordi Turull

Des plans plus que bancals qui ne garantiront pas une grande stabilité dans les mois à venir. Sans compter sur quelques détails singuliers de la négociation, comme le fait que Raül Romeva veuille absolument récupérer son ministère des Affaires étrangères, alors qu’il s’est fait confisquer son passeport par le juge suite à son inculpation dans la déclaration d’indépendance. Signe des temps, personne dans les coulisses des négociations ne semble être surpris de ce souhait. Deux mois de pourparlers pour arriver à du très court terme, qui ne garantit en aucun cas, vu les décisions qui s’annoncent, que le gouvernement espagnol lèvera l’article 155 de la Constitution, qui suspend actuellement l’autonomie politique de la Catalogne.

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