La justice allemande: le pire scénario pour Carles Puigdemont

Carles Puigdemont a été arrêté aujourd’hui en Allemagne, un pays qui soutient l’Espagne et non l’indépendantisme. L’ancien président pourrait être poursuivi par la justice allemande pour délit de haute trahison.

Se faire capturer sur le territoire allemand est probablement la pire option qui s’offrait à Carles Puigdemont. Lors de la précédente demande d’extradition en novembre dernier, la justice belge avait freiné la demande du parquet espagnol, laissant sous-entendre que Carles Puigdemont se convertirait en prisonnier politique s’il rentrait dans son pays. Même son de cloche en Suisse, où le pays avait déjà indiqué qu’il n’extraderait pas les personnes poursuivies pour des délits politiques, en réponse à la demande de rapatriement de Marta Rovira, cerveau de l’indépendantisme.

La Finlande, pays qui a reçu la demande d’extradition en raison de la présence de Carles Puigdemont pour une conférence, avait également indiqué qu’elle n’extraderait pas l’ancien président de la Generalitat.


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L’Espagne soutenue par l’Allemagne et la France

En revanche, il apparaît clair que les deux têtes du nord de l’Europe, l’Allemagne d’Angela Merkel et la France d’Emmanuel Macron, étaient les plus grands soutiens du président espagnol Mariano Rajoy dans sa lutte contre l’indépendance de la Catalogne. Ces deux pays sont historiquement traversés par des courants qui se plaignent souvent des pays du sud de l’Europe.

Selon de nombreux mouvements de pensés, l’Europe du Nord est tributaire des faiblesses économiques du sud de l’Union: l’Espagne, l’Italie et la Grèce. On comprend dès lors que l’unité de l’Espagne reste une valeur économique rassurante pour le couple franco-allemand.

L’Allemagne avait fait parler d’elle, le 8 mars dernier, quand le président du Parlement catalan, Roger Torrent avait fait un discours devant le très conservateur centre équestre de Barcelone. Un entrepreneur allemand avait vivement apostrophé le président Torrent pour expliquer que les responsables politiques indépendantistes devaient terminer leurs carrières en prison.


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Vers un délit de haute trahison?

En Allemagne, Carles Puigdemont est déjà en prison. Lorsqu’il avait été arrêté en Belgique en novembre, il était resté quelques heures en garde à vue, avant que le juge le remette en liberté. Les parquets espagnols et allemands affirment communiquer et échanger des informations d’une manière intense.

Si la justice accepte la demande d’extradition, elle sera effective dans un délai de 10 jours. Carles Puigdemont pourra cependant faire appel et le juge devra prendre une décision dans un délai maximal de 60 jours, auxquels peuvent s’ajouter 90 jours supplémentaires en cas de complications juridiques, dans la mesure oú l’ancien président pourrait faire une demande d’asile politique.

Pour une extradition réussie, il faut aussi trouver une correspondance entre les codes pénaux des deux pays. L’Espagne poursuit Carles Puigdemont pour la charge de rébellion qui peut lui coûter 30 ans d’emprisonnement. Plus souple, la législation belge ne prévoit pas d’équivalence et bloquait ainsi l’extradition. En revanche, on retrouve dans le code pénal allemand le délit de haute trahison qui peut entraîner une peine de prison allant de 10 ans à la perpétuité.

Il est prévu que Carles Puigdemont passe devant un juge allemand dès demain matin pour commencer la procédure de retour vers l’Espagne.

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