Carles Puigdemont bientôt de retour à Barcelone?

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Avec la décision du tribunal allemand de remettre Carles Puidemont en liberté, les deux questions qui tournent en boucle sont : l’ancien chef de la Catalogne va-t-il revenir à Barcelone et peut-il récupérer sa charge de président. Eléments de réponse. 

Le grand perdant de l’histoire est le juge instructeur de l’affaire de la déclaration d’indépendance Pablo Llarena. Le magistrat, depuis le début de la procédure, a fait montre de sévérité. Incarcération préventive de plus d’une dizaine d’ex-ministres et personnalités politiques indépendantistes, mandat d’arrêt contre Carles Puigdemont et ses anciens ministres en exil.

Le juge sait qu’il n’a pas le soutien de ses pairs européens. Le premier mandat d’arrêt avait dû être retiré en urgence peu après Noël, alors que la justice belge allait vraisemblablement lui donner une réponse négative. Il est notoire que la Suisse, la Finlande et le Danemark ne souhaitent pas collaborer avec la justice espagnole. Pensant que l’Allemagne serait plus réceptive, les services secrets espagnols ont manœuvré pour que Carles Puigdemont soit capturé sur le territoire d’outre-Rhin plutôt que dans un autre pays.

Las, de la même manière, la justice allemande tourne le dos à son homologue espagnol. Le juge entend de son oreille droite les réseaux ultra-conservateurs madrilènes qui demandent des lourdes sanctions, et de son oreille gauche le rejet des justices européennes. Pablo Llarena se trouve ce soir dans une position délicate.

Les deux options

Si le juge du Tribunal suprême maintient son mandat d’arrêt et que Carles Puigdemont est renvoyé en Espagne, il sera uniquement poursuivi pour malversations financières. Il sera quasiment impossible de le placer en détention provisoire. Parce que le délit est léger et que la récidive est impossible, Puigdemont n’ayant plus accès aux finances publiques.

Par un effet de dominos, les anciens ministres de Puigdemont devraient voir leurs dossiers reconsidérés : comment expliquer qu’un second couteau soit poursuivi pour rébellion alors que cela sera impossible pour l’ancien président.

Tacticien, le juge Llarena pourrait, comme il l’a fait en décembre dernier, retirer le mandat d’arrêt. Carles Puigdemont pourrait alors se déplacer dans le monde entier, sauf en Espagne, où il serait toujours poursuivi pour rébellion, l’action de la justice allemande disparaîtrait en même temps que le mandat d’arrêt. Le magistrat madrilène tenterait de circonscrire le dossier à une affaire interne espagnole. Option compliquée car Puigdemont continuerait à se déplacer à travers l’Europe pour mettre l’État espagnol dans les cordes en dénonçant son supposé déficit démocratique.

Traduction politique

Ce soir, Carles Puigdemont devient un saint laïque. Sa résurrection politique est fêtée sur tous les réseaux sociaux par les indépendantistes. Sa stratégie se retrouve renforcée comme jamais au sein du camp séparatiste. Puigdemont va s’exprimer demain, il sort de prison à 7h du matin, sa caution étant payée par les associations indépendantistes.

Il est fort probable que Carles Puigdemont tente de se faire réinvestir président de la Catalogne à distance en demandant au président du parlement Roger Torrent de forcer le règlement de la chambre et de permettre une investiture présidentielle depuis l’étranger. Le président Torrent s’y est refusé en janvier, de peur des poursuites judiciaires. Sa marge de manœuvre est aujourd’hui réduite et il est probable qu’il cède face à Puigdemont.

Mariano Rajoy passe, lui, une nuit sombre. L’électorat conservateur et rural espagnol ne lui pardonne pas sa gestion du conflit indépendantiste et n’attend que les prochaines élections pour doubler le chef du gouvernement sur la droite en votant Ciutadans. Le parti d’Albert Rivera peut, en même temps que les amis de Puigdemont, déboucher les bouteilles de cava. La sortie de prison de Puigdemont pourrait bien lui ouvrir les portes de la Moncloa.

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