Nouveau gouvernement: les politiques prisonniers vont redevenir ministres

La formation du nouveau gouvernement catalan est imminente. Elle mettra fin à la suspension politique de l’autonomie catalane en vigueur depuis la déclaration d’indépendance.

Quim Torra est devenu le 131e président de la Catalogne ce matin grâce au vote de la majorité indépendantiste au parlement. Dans un discours très musclé qui a fait retentir les sirènes d’alarme à Madrid, le nouveau président  s’engage à construire la République catalane indépendante de l’État espagnol.

En premier geste d’insoumission, le président Torra réfléchit à une réhabilitation des anciens ministres du gouvernement Puigdemont qui sont actuellement incarcérés à Madrid suite à la déclaration d’indépendance. Les anciens « consellers » Jordi Turull (adjoint à la présidence), Josep Rull (industrie) et Lluis Puig (culture) devraient être renommés à la tête de leur ministère respectif. Il ne s’agit que des prisonniers ou exilés, dans le cas de Puig, qui appartiennent au parti politique de Carles Puigdemont. Les anciens ministres faisant partie de la gauche républicaine (ERC) ne seront pas restitués. Le chef du parti ERC, Oriol Junqueras lui-même en détention n’agit pas selon la même stratégie que le camp Puigdemont. ERC refuse, pour le moment, de s’inscrire dans la logique d’affrontement proposée par Quim Torra et Carles Puigdemont. Car la restitution des ministres incarcérés et destitués risque d’être annulée par le Tribunal constitutionnel espagnol. Il s’agira du premier conflit du nouveau gouvernement catalan face à l’Espagne.

Les poids lourds du gouvernement

Resultado de imagen de Elsa ArtadiElsa Artadi, bras droit de Carles Puigdemont sera la nouvelle figure phare de ce gouvernement. Elle en sera probablement la porte-parole et héritera du ministère des Entreprises. Elle aura la tâche de réconcilier le monde des affaires avec l’indépendantisme. Proche d’Artur Mas et de son ministre de l’Économie Andreu Mas-Colell, elle fut la créatrice de la loterie catalane La Grossa, qui a connu un succès mitigé. Avant la tempête indépendantiste, elle était proche des cercles économiques catalans. Son doctorat obtenu à l’université d’Harvard rassure. Elsa Artadi est l’incarnation physique de cette bourgeoisie catalane qui a évolué au fil des mois vers le désir de la déclaration d’indépendance unilatérale.

Imagen relacionadaLe chef du gouvernement étant un membre du parti de Carles Puigdemont (centre-droit), l’accord gouvernemental prévoit que la prestigieuse vice-présidence revienne à un membre de la gauche républicaine (ERC). C’est Pere Aragonès, actuel leader du parti, qui occupera avec certitude le poste en cumul avec le ministère de l’Économie. Comme Elsa Artadi, c’est un spécialiste des questions économiques, et lui aussi sort d’Harvard.

Le ministre de l’intérieur devrait être Miquel Buch, ancien maire de Premià de Mar et ex président de l’association des mairies indépendantistes. Il aura la lourde tâche de diriger le corps des Mossos d’Esquadra, pointés du doigt par le gouvernement espagnol suite à leur supposée passivité le jour du référendum. Un poste tellement à risque qu’il se dit dans les coulisses du pouvoir que trouver un responsable indépendantiste pour occuper le siège de ministre l’Intérieur a été compliqué.

Josep Bargalló, ministre de l’éducation en 2004, pourrait retrouver son poste. Il devra défendre l’usage du catalan comme langue principale dans les écoles, une pratique dénoncée par le gouvernement espagnol.

Le ministère des Affaires étrangères n’a pas encore été attribué. Un poste doublement délicat. Le futur ministre devra gérer les relations avec un Puigdemont omniprésent et devra défendre la réouverture des ambassades catalanes. Un nouveau casus belli avec le gouvernement espagnol qui menace d’appliquer l’article 155 sur ce ministère, tant l’internationalisation du conflit indépendantiste est un caillou dans la chaussure de l’Espagne. Un poste qui sera à priori occupé par une femme.

Le spécialiste des télécommunications, Jordi Puigneró deviendra ministre des Politiques digitales. C’est une nouvelle aire que Carles Puigdemont a voulu mettre en avant. Il estime que la Catalogne est en avance sur les nouvelles technologies et ce ministère devra aider l’avant-garde catalane dans ce domaine.

La directrice de l’institut des lettres catalanes Laura Borras sera ministre de la Culture, au cas où l’exilé Luis Puig soit empêché par le Tribunal constitutionnel.

La sénatrice de la gauche républicaine ERC, devrait occuper le ministère de la Justice.

L’ancien socialiste Joan Ignasi Elena, qui s’est activé autour de l’organisation du référendum du 1er octobre, deviendra probablement ministre de la Santé.

Le syndicaliste Chakir el Homrani sera ministre du Travail.

Albert Batet maire de Valls et Marc Solonsa, tous deux membres de la garde rapprochée de Puigdemont devraient hériter d’un porte-feuille ministériel.

Demain, le président Quim Torra se rendre à Berlin pour finaliser la composition du gouvernement avec Carles Puigdemont.

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