Voter pour un président socialiste: le pari risqué des indépendantistes

Analyse de Nico Salvado, fondateur d’Equinox.

Il y a sept mois, la Catalogne défiait l’Etat espagnol dans son ensemble en déclarant son indépendance. Apogée de la fameuse rébellion citoyenne, la révolution des sourires. Comme le disait si bien l’ancien président Artur Mas, l’Etat espagnol ce n’est pas seulement le gouvernement. C’est aussi le Roi, le Tribunal constitutionnel et le parti de l’opposition. Cet après-midi, les 17 députés indépendantistes présents au parlement espagnol annoncent qu’ils vont voter sans aucune contrepartie pour convertir le chef de l’opposition Pedro Sanchez en Premier ministre. Les neuf élus d’ERC le centre-gauche et les 8 du Pdecat le centre-droit mêleront leurs voix au reste des parlementaires espagnols des Parti socialiste, Podemos et nationalistes basques pour mettre fin au mandat de Mariano Rajoy et le remplacer par Pedro Sanchez.

Un Pedro Sanchez qui la semaine dernière hurlait dans ses meetings et dans les médias du royaume d’Espagne que Quim Torra le président catalan était un « Le Pen espagnol ».  Pedro Sanchez ne va pas présenter d’excuses, tout comme il a bien affirmé qu’il ne négociait rien avec les partis indépendantistes qui permettent son élection. Le chef des socialistes a timidement annoncé depuis la tribune du parlement espagnol, qu’une nouvelle étape s’ouvre et permettra de dialoguer avec le gouvernement catalan.

C’est dans cette simple invitation au dialogue que les deux partis indépendantistes représentés au parlement – la Cup a indiqué que Rajoy et Sanchez c’est bonnet blanc et blanc bonnet – ont placé tous leurs espoirs. Il est vrai qu’il n’y a que 4,24 % des Catalans qui ont voté pour le Partido Popular de Mariano Rajoy aux élections du 21 décembre. Le porte-parole indépendantiste au parlement Carles Campuzano a donc pu facilement justifier son vote par la volonté ultra-majoritaire dans la société catalane. Les indépendantistes, qui ont passé un mauvais moment avec le gouvernement de Mariano Rajoy, espèrent que Pedro Sanchez sera plus « ouvert » aux revendications souverainistes.

Rien de moins sûr, le parti socialiste a soutenu activement l’application de l’article 155 suspendant les compétences de la Generalitat, a appuyé tous les recours devant le tribunal constitutionnel pour suspendre les initiatives parlementaires catalanes et considère que le gouvernement de Barcelone est dirigé par un raciste. Enfin le parti de Pedro Sanchez a toujours justifié la détention des dirigeants catalans et n’a démontré aucune empathie après les violences policières du 1er octobre.

La grande révolution catalane telle qu’on l’a connue entre 2012 et 2017 s’est probablement terminée aujourd’hui au croisement de la rue Zorrilla et de la ruelle de San Jerónimo, siège du parlement à Madrid, capitale de l’Espagne.

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