Mas et Companys : hasard du calendrier ?

artur mas barcelone

OPINION – Nous sommes le 15 octobre 1940, il est 7h30 du matin, un homme de 58 ans est fusillé par les hommes du général Franco dans la fosse de Santa Eulàlia du château de Montjuic. Les dernières paroles de ce condamné à mort furent « Per Catalunya! ». 

Lluis-Companys indépendantisme catalogne

Cet homme était Lluis Companys, 123e président de la Generalitat de Catalunya. Après avoir été capturé en France par la Gestapo, le leader politique fut livré aux franquistes et exécuté au motif d’être le président de la Catalogne, qu’il voulait républicaine et vaguement indépendante.

Nous sommes le 15 octobre 2015, le président en fonction de la Generalitat Artur Mas va faire une déclaration devant le Tribunal Supérieur de Justice de Catalogne pour avoir illégalement organisé le référendum sur l’indépendance de la Catalogne le 9 novembre dernier.

 

Bien évidement, nous ne souhaitons pas faire de lien entre ces deux faits, mais force est de constater que la date symbolique apparaîtrait d’une manière écarlate sur n’importe quel calendrier. Nous ne tomberons pas dans la naïveté de croire qu’un tribunal supérieur de justice puisse prendre une telle décision sans un aval (ou un veto) du gouvernement central de Madrid. Comment donc cette date d’anniversaire des 75 ans du fusillement d’un président de la Catalogne, élu démocratiquement, a pu être choisie pour déclencher une citation à comparaître de l’actuel président de la Catalogne, pour l’organisation d’un scrutin ?

artur mas indépendantisme catalogne

Dans le camp de l’indépendance de la Catalogne, la victimisation est de mise. Hier, mardi 14 octobre, le leader barcelonais séparatiste Alfred Bosch (ERC) interrogé sur Equinox Radio y voyait une double humiliation des conservateurs du Partido Popular (PP) : « ils (le gouvernement du PP) assument que la Catalogne fut humiliée par l’assassinat de Companys et en choisissant cette date, ils disent: regardez, on vous humilie une seconde fois ».

Contacté par la rédaction d’Equinox, le président du groupe Partido Popular au conseil municipal de Barcelone Alberto Fernandez Diaz affirme que « le choix de la date du 75e anniversaire de la mort de Companys prouve que le gouvernement n’a pas interféré, car il n’aurait jamais choisi une date pareille, permettant une campagne de victimisation des indépendantistes ».

N’oublions pas que le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy est actuellement en campagne pour sa réélection lors des législatives nationales du 20 décembre prochain. L’affaire de l’indépendantisme catalan est très impopulaire en Espagne et nombre d’électeurs conservateurs reprochent à Rajoy son supposé laxisme et le désordre institutionnel qui, selon eux, règne actuellement en Catalogne.

Le PP est sous la pression du parti Ciutadans qui opte pour une réponse musclée visant à stopper net l’indépendantisme en catalogne. Beaucoup d’anciens électeurs du PP se tournent vers le nouveau parti pour sa fermeté, comme ce fut le cas lors des élections autonomes catalanes du 27 septembre où ce dernier a largement devancé le PP (25 députés contre 11).

Si avec cette date du 15 octobre, M. Rajoy avait voulu envoyé un message de fermeté à ses électeurs à travers tout le pays, il ne s’y serait pas pris autrement.

 

 

 

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