L’Université pour les réfugiés syriens pilotée depuis Barcelone

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Environ 450 000 Syriens étaient étudiants lorsque le conflit a éclaté. Aujourd’hui, on estime que moins de 5% des réfugiés ont l’opportunité de poursuivre leurs études dans leur pays d’accueil. Pour ne pas créer une génération sacrifiée, divers organismes internationaux ont décidé de mettre en place l’Alliance pour l’Education Supérieure des Réfugiés (AESR).

L’AESR facilitera l’accès à l’université pour les réfugiés et sera basée à Barcelone dès le mois de septembre prochain. Le financement est pour l’instant assuré par des associations ou fondations européennes et américaines. Des fonds européens pourraient ensuite être obtenus. L’AESR est coordonnée par Robert Templer, actuel directeur de l’école des politiques publiques de l’Université d’Europe Centrale. Rencontre. 

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Equinox : Pourquoi avoir créé l’Alliance pour l’Education Supérieure des Réfugiés?

Robert Templer : La création de l’AESR est partie d’un constat clair : la communauté internationale a échoué à résoudre les problèmes issus de la crise des réfugiés syriens dans de nombreux domaines et en particulier dans le domaine de l’éducation. Avant la guerre, les Syriens étaient plutôt bien éduqués, la classe moyenne s’attend donc à ce que ses enfants soient éduqués comme les jeunes Européens, mais dans de nombreux pays, comme en Turquie par exemple, ils n’y ont pas accès.

Combien de réfugiés peuvent actuellement étudier ? 

Il est difficile de connaître le nombre exact de personnes ayant été en mesure de le faire, probablement moins de 5%. On sait par exemple qu’au cours des cinq dernières années, seuls 200 Syriens ont étudié aux États-Unis. Avant le conflit, environ 450.000 Syriens étaient dans l’enseignement supérieur ou suivaient une formation professionnelle. Aujourd’hui, un quart de la population est à l’étranger, dont 100.000 pourraient poursuivre leurs études. 

Comment fonctionnera l’Alliance pour l’Education Supérieure des Réfugiés?

L’AESR sera basée à Barcelone. La ville a été choisie pour son dynamisme économique, son environnement international et son écosystème technologique qui pourrait offrir des opportunités professionnelles à de nombreux étudiants. Le projet débutera en tant qu’organisation de recherche pour résoudre les problèmes d »accès à l’éducation dans les pays de première ligne comme la Turquie et le Liban, de certification des diplômes ou encore les problèmes de l’éducation à distance. Le but final sera de mettre en place des mécanismes plus rapides en cas de crise de réfugiés, pour ne pas créer une génération de personnes non-éduquées.

C’est beaucoup plus difficile pour les pays de se remettre d’un conflit s’il leur manque une génération d’enseignants, de médecins, d’ingénieurs. L’accès à l’éducation rend les sociétés plus résistantes. Et puis avoir une éducation universitaire ne signifie pas seulement suivre des cours, c’est aussi interagir avec d’autres personnes, se construire en tant qu’adulte et découvrir ses valeurs. Le manque d’accès à l’éducation prive en fait les réfugiés de tout espoir.

Comment expliquer qu’une telle structure n’ait pas été mise en place plus tôt? 

L’enseignement supérieur était auparavant considéré comme un luxe. Notre vision des réfugiés s’est formée après la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’il y avait des déplacements massifs à travers l’Europe. À cette époque, seuls 3% des Européens allaient à l’université, ce n’était alors pas considéré comme une nécessité par rapport au logement, à l’alimentation ou aux soins médicaux. Aujourd’hui, 31% des habitants des pays de l’OCDE suivent une formation de l’enseignement supérieur. Les attentes et les besoins ont changé, mais le monde des réfugiés n’a pas suivi. Nous avons besoin d’une organisation sachant répondre rapidement en période de crise.

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