Ada Colau pourrait perdre la mairie de Barcelone

Sans majorité claire au conseil municipal, les jours d’Ada Colau à la tête de Barcelone pourraient être comptés. Une majorité alternative pourrait se former et mettre prématurément un terme à son mandat. 

Ada Colau (Barcelona en Comú) a été élue de justesse il y a 16 mois avec seulement 25 % des voix qui se sont traduits par l’obtention de 11 conseillers municipaux sur les 41 que forment le conseil municipal de Barcelone. Grâce à une bienveillance des indépendantistes républicains de gauche (ERC) et des socialistes, l’ancienne leader anti-expulsions avait ainsi pu prendre la tête de la mairie de Barcelone en mai 2015. Un an plus tard, elle décrochait un accord de gouvernance avec les 5 conseillers municipaux socialistes, élargissant un peu sa majorité relative.

Après 16 mois au pouvoir,  l’exécutif municipal semble toutefois à bout de souffle et certains parlent déjà d’un départ forcé d’Ada Colau de son siège de maire. Le porte-parole du premier groupe d’opposition (CiU, centre droit indépendantiste) Joaquim Forn a sonné vendredi dernier la charge pour déloger Ada Colau. Fort de ses 10 conseillers (un de moins que ceux du groupe Barcelona en Comú), le centriste a annoncé qu’il débutait les conversations avec l’ensemble des groupes du conseil municipal afin de former une majorité alternative.

Une majorité alternative envisagée

Une initiative qui a été bien reçue par Alfred Bosch, le chef des républicains indépendantistes de gauche, qui estime que la coalition CiU et ERC fonctionne bien au niveau du gouvernement de Catalogne, et qu’elle pourrait tout aussi bien se mettre en place au sein du conseil municipal de Barcelone. Il se félicite que les indépendantistes aient d’ailleurs mis en place, depuis la Generalitat, un programme qui a permis « la transformation sociale, économique et politique la plus importante qu’ait vécu la Catalogne dans toute son histoire ». Alfred Bosch pense ainsi qu’il est nécessaire d’explorer la voie qui pourrait permettre de remplacer Ada Colau pour mettre en place le même programme à la mairie de Barcelone.

Même les partis non favorables à l’indépendance comme les centristes de Ciutadans (CS) et la droite conservatrice (PP) pourraient permettre au scénario de changement de maire de devenir réalité. Si les groupes d’opposition se mettent d’accord, ce qui n’est pas encore le cas actuellement, une motion de censure devra être votée pour mettre fin au mandat d’Ada Colau. Le conseil municipal élirait alors un nouveau maire, probablement issus du groupe CiU.

Pourquoi Ada Colau est-elle dans cette situation ?

En 16 mois, Ada Colau a exaspéré un grande partie des Barcelonais. Les commerçants sont irrités par la forte présence de vendeurs ambulants et clandestins dans les rues de Barcelone. Le secteur hôtelier et de la restauration critiquent les politiques restrictives de la mairesse en matière de gestion des terrasses et d’ouverture de nouveaux établissements. Du côté du logement, les associations de voisins se plaignent d’un tourisme incivique pas assez combattu par la municipalité selon eux, tandis que les propriétaires d’appartements se disent victimes de harcèlement de la part des équipes d’Ada Colau qui traquent les loueurs non déclarés au fisc.


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Les employés du métro, quant à eux, se sont affrontés à Ada Colau lui reprochant son manque de soutien lors de mouvements de grève. La police municipale de la ville ne se sent pas non plus à l’aise avec la jeune maire et sa politique sécuritaire. Même les secteurs les plus à gauche n’apportent plus leur soutien à Ada Colau. Celle qui fut la porte parole de la plateforme contre les expulsions immobilières se retrouve aujourd’hui pointée du doigt par ses anciens coreligionnaires qui lui reprochent son manque d’actions dans le domaine social.  Celle qui devait expulser les mafias de Barcelone est accusée de ne faire que de la gesticulation aux détriments de réelles actions politiques. Contacté par Equinox, un responsable du parti ERC, pourtant à gauche, estime qu’il est « impossible de travailler avec les équipes d’Ada Colau », et que gouverner une ville nécessite de « vraies actions et non des symboles ».

Ada Colau, qui vient d’annoncer qu’elle était enceinte et qu’elle dirigerait la mairie durant sa grossesse, arrivera t-elle à éteindre l’incendie ? Le premier adjoint Gerardo Pisarello se montre confiant rappelant que les habitants de Barcelone jugent favorablement l’action d’Ada Colau, selon une enquête réalisée par les propres services de la mairie.

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