Ces Français de Barcelone qui ne votent pas

Les dimanches 23 avril et 7 mai, les Français de Barcelone seront appelés aux urnes pour désigner leur prochain président de la République. Parmi eux, certains ont choisi de s’abstenir. Ils nous expliquent pourquoi.


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En 2012, 63% des Français de Barcelone se sont abstenus au premier tour de l’élection présidentielle et 58% au second, selon l’Ambassade de France en Espagne. Certains redoutent que cette élection soit de nouveau le théâtre du désintérêt des Français de l’étranger. Et d’autres ont choisi d’y contribuer par conviction, par désintérêt ou par manque de temps pour faire les démarches. Le ras-le-bol généralisé de la classe politique a conduit certains d’entre eux à tourner le dos aux urnes.

« Les politiciens sont tous des corrompus »

Pour Marion, 25 ans, qui travaille dans un call-center et vit à Barcelone depuis six ans, l’éloignement de son pays d’origine l’a également écartée de ses politiciens. « Je ne vote plus en France parce que je ne me sens pas concernée. J’avoue que je me suis totalement désintéressée de la politique française ». Une indifférence de la situation politique accentuée par un autre motif, souvent partagé par les abstentionnistes, et qui a conduit la jeune expatriée à renoncer à son devoir citoyen : les magouilles.

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Marion n’a jamais été passionnée par ce milieu pour une raison très claire. « Déjà de base, je n’aime pas du tout. Ils sont tous corrompus ». Les gouvernements successifs n’ont pas réussi à la faire changer d’avis. Bien au contraire. « De droite comme de gauche, on a bien vu qu’avec les années rien n’a changé dans le pays. Si j’étais en France j’irais voter blanc ». Un milieu qu’elle rejette totalement et un avis partagé par Anthony, 29 ans, directeur financier, arrivé à Barcelone en novembre dernier.

« Je suis déçu de toutes ces affaires dans lesquelles nos hommes politiques sont cités ». Il poursuit en expliquant que « la plupart ont fait de leur combat politique une carrière et ils se sont bien engraissés sur le compte de millions de Français qui, chaque mois, ont du mal à joindre les deux bouts ».  Pour cet ancien électeur de droite, le choix cette année sera bien différent. « Les seuls avec lesquels j’ai le plus de convergence (François Fillon et Emmanuel Macron) sont des pourris et je ne veux pas les voir diriger le pays ». S’il n’a pas pu s’inscrire sur les listes par manque de temps, il soutient tout de même qu’il serait allé voter blanc « pour accomplir son devoir de citoyen et envoyer un message fort à la classe politique ».

Les Français non-inscrits sur les listes électorales

A Barcelone, certains Français n’iront pas voter… parce qu’ils n’ont tout simplement pas effectué les démarches administratives. C’est le cas de Lola, agent informatique de 26 ans qui vit dans la capitale catalane depuis trois ans. Lorsqu’on l’interroge pour savoir pourquoi elle n’a pas fait les démarches, elle explique que « c’est surtout un manque d’organisation ». On y pense et on oublie. Le temps passe et le 31 décembre, date butoir, pour voter depuis Barcelone, les démarches ne sont pas effectuées. Mais de toute façon, elle estime que « son vote n’aurait pas changé grand chose ».

Et ce, contrairement à Julia, une commerciale de 25 ans, dans la même situation et qui « regrette » de ne pas avoir fait les démarches. Installée depuis quatre ans à Barcelone, elle ne votera pas en France. « Si je m’étais organisée correctement, j’aurais pu m’inscrire à temps. Je regrette de ne pas l’avoir fait, mais maintenant c’est trop tard ». Des remords partagés par Solange, 50 ans, qui n’a pas pu s’inscrire. « Il y a eu un bug informatique pour faire les inscriptions sur les listes. J’ai essayé d’enregistrer mon fichier à maintes reprises et à chaque fois au moment de valider c’était impossible. On me demandait de revenir plus tard, et ce, jusqu’au 31 décembre ». Cette thérapeute, installée depuis un an à Barcelone, est très déçue : « j’ai toujours voté donc je trouve ça dommage voire un peu triste ».

Cette année encore, l’abstention risque bien d’être un élément clé des résultats du premier et du second tour. Notamment auprès des Français de l’étranger qui comptent parmi ceux qui votent le moins et dont les choix seront décisifs dans les deux prochaines semaines.

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