Marina Ginestà, le visage féminin de la lutte antifasciste à Barcelone

Marina Ginestà avait seulement 11 ans quand elle est arrivée à Barcelone. Sa vie était totalement différente de celle des enfants d’aujourd’hui. Et pour cause, on était en 1930. Retour sur l’histoire de cette icône devenue figure de la lutte anti-fasciste.

En Espagne, l’héritage historique de Franco reste un sujet sensible. Il y a 10 jours, le parlement espagnol votait une motion  pour faire déterrer son corps, motion qui a peu de chances d’être appliquée par le gouvernement de Mariano Rajoy. 40 ans après sa mort, le fantôme de l’ancien dictateur continue de planer sur le pays. L’occasion de revenir sur le visage féminin catalan de la lutte anti-Franco : Marina Ginestà.

La photo d’une vie

C’est en 1930 que la jeune fille et sa famille arrivent à Barcelone. Née à Toulouse en 1919, la fillette est âgée de 11 ans lors du déménagement. Ses deux parents espagnols sont communistes et ils comptent bien lutter contre Franco. Pour suivre leurs pas, comme une évidence, elle s’engagera plus tard auprès du Parti Socialiste Unifié de Catalogne. A 17 ans, dans la capitale catalane, un photographe va prendre un cliché qui la rendra, avec les années, auprès de tous, bien plus qu’un symbole.

L’histoire d’une photo (utilisée en haut de cet article). Elle avait 17 ans lorsqu’a été prise sa photo. Sur le toit de l’hôtel de Colom de la Plaza Catalunya, fusil à l’épaule et livret de jeunesse socialiste dans la main, la jeune fille croit à la révolution. Dans son uniforme de milicienne, elle offre son sourire au photographe Juan Guzman. A ce moment-là, postée sur les hauteurs de l’hôtel de Colom, Marina Ginestà ne peut imaginer l’ampleur que va prendre sa photo.

Dès 1936, le cliché fait le tour du monde mais il faudra attendre 70 années avant de retrouver le modèle qui pose cheveux au vent. Elle racontera en 2008 que les gens lui avait trouvé un regard orgueilleux. « J’étais peut être un peu trop inspirée des images hollywoodiennes comme Greta Garbo y Gary Cooper », avait-elle déclaréLa photo, devenue iconique, deviendra la page de couverture du roman historique « Treize Roses Rouges » de Carlos Fonseca et de l’ouvrage « La guerre d’Espagne » de Burnett Boloten.

La fin d’un espoir et le début de l’exil

Dans l’hôtel de Colom, la jeune militante y croit dur comme fer. Comme les opposants barcelonais au régime du dictateur, pour eux, l’espoir est encore permis. « On pensait que la République reviendrait en Espagne et que Franco serait fusillé ». Un espoir qui prendra fin après trois années de guerre civile puisque les forces de Franco finiront par l’emporter.

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Marina Ginestà et son frère en 1936

 

Avec la victoire de Franco, les Catalans opposants ont le choix entre la mort ou l’exil. Nombreux sont ceux qui trouveront refuge en France. C’est le cas de Marina Ginestà. Mais la France n’est qu’une escale. Elle décide de partir en République Dominicaine où elle rencontre son premier mari. Presque trente années après son exil en Amérique Latine, l’icône est de retour en Espagne. Mais il y a comme un goût amer.

Le souvenir de ses camarades, ses compagnons de résistance qui ont pour la plupart péri, continue de flotter dans l’air. Une vie dans l’exil qu’elle n’avait jamais soupçonnée. Pour elle, la victoire était à portée de main. «Nous avions le sentiment que la raison était avec nous, et que l’on finirait par gagner la guerre. Nous n’avions jamais pensé que nous finirions par vivre à l’étranger».

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