Pressions sur Puigdemont pour qu’il ne déclare pas l’indépendance

Le président catalan, même s’il se montre plus mesuré dans ses propos depuis 48h, semble vouloir que le parlement catalan déclare l’indépendance. De nombreuses voix se font entendre pour qu’il fasse marche arrière.

La déclaration unilatérale d’indépendance, c’est se jeter dans le précipice. C’est en substance le message que l’on entend aujourd’hui dans différents secteurs de la société catalane. Des groupes sociaux qui ne sont pas contre le catalanisme, mais qui demandent de toute urgence une négociation entre la Generalitat et l’Etat Espagnol. C’est le cas du collège des avocats catalans de Barcelone, le collège des économistes catalans, l’Université de Barcelone, l’Université autonome, le syndicat patronal Pimec, la chambre de commerce, les syndicats UGT (équivalence de la CGT française), l’association de l’ONU en Espagne qui se sont regroupés au sein de la « commission indépendante pour le dialogue, la médiation et la conciliation ».  

Pour ce secteur, déclarer l’indépendance unilatéralement avec seulement 72 députés sur 130, sans accord de l’Espagne, sans aucune reconnaissance internationale donne le vertige. Un saut dans le vide, qui pourrait se conclure par une suspension de l’autonomie de la Catalogne qui sera perdue pendant des années, transformant la Catalogne est une simple région espagnole sans aucun pouvoir, ni marge de manœuvre. De plus, la fuite en avant de la Déclaration unilatérale d’indépendance (DUI) provoquera une crise économique et ridiculisera internationalement la Catalogne. Puigdemont a accepté de rencontrer la « commission indépendante pour le dialogue » ce vendredi.

Le parti de Puigdemont a du mal à suivre

Traduction politique de ces pressions : le président Puigdemont donne du temps au temps. Alors que le parlement aurait déjà dû se réunir depuis mercredi dernier, la séance plénière a été programmée très tard : lundi prochain. Une séance qui vient d’être suspendue par le tribunal constitutionnel. Les associations indépendantistes demandent que le peuple manifeste devant le parlement et que d’une manière non autorisée par l’Etat Espagnol, la séance ait tout de même lieu.

Puigdemont essaie de convaincre une frange importante de son propre parti le PdeCat de le suivre dans le sprint final du processus indépendantiste. De tendance centre-droit libéral, le PdeCat a du mal à sauter le pas, et entrer dans un concept d’anarchisme sorti des cerveaux des indépendantistes d’extrême-gauche de la Cup. Marta Pascal, la numéro une du parti, et le ministre catalan du commerce Santi Vila sont les moins enclins à voter une déclaration « sèche » d’indépendance. Ils préfèrent, dans le meilleur des cas, une nouvelle élection autonome au parlement catalan afin de confirmer que les indépendantistes arrivent à avoir une nouvelle majorité de députés indépendantistes.

Au pire, ils sont prêt à voter une déclaration symbolique d’indépendance qui ne prendra effet que dans quelques mois. Une option qui perd du poids après la suspension du tribunal constitutionnel. La session se tiendra dans une certaine clandestinité, avec peut-être la police espagnole qui empêchera les députés d’entrer dans le parlement. Cette situation d’anarchie donne des ailes à la frange dure de l’indépendantisme qui veulent une déclaration pure et dure, prenant effet sur le champ. C’est finalement peut-être le but de Mariano Rajoy : avec la répression tout azimut, séparer au maximum les deux tendances de l’indépendantisme. Pousser les radicaux dans le plus singulier extrémisme afin que les modérés ne puissent plus suivre.

La presse catalane met la pression à Puigdemont

La presse catalane appelle aussi le président catalan à renoncer à ses plan de sécession unilatérale. Le directeur adjoint de la très catalaniste Vanguardia Enric Juliana analyse « qu’une forte sensation de vertige parcourt toute la société catalane ». Le journal de centre-gauche El Periódico a titré ce matin « Por Catalunya, elecciones«  la seule solution de ne pas perdre l’autonomie est de convoquer des élections catalanes. L’édito propose de faire deux listes : une représentation de l’ensemble des  partis favorables à l’indépendance, et une autre avec les partis contraires. Ainsi l’on connaîtra le poids réel de chacun. Le journal demande d’écouter l’ancien ministre de l’économie d’Artur Mas, le très respecté Andreu Mas-Colell.

Enfin, le journal souverainiste de gauche Ara, sous la plume de David Miro, propose de  proclamer une république catalane qui ne serait pas indépendante de l’Espagne mais avec une autonomie renforcée. Le week-end sera brûlant.

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