Valls-Vojetta : le ton monte et les menaces fusent

Manuel Valls Stephane Vojetta

La primaire entre les deux candidats macronistes devient de plus en plus sauvage. Récit.

Photos : Clémentine Laurent-Bérenger Cyne/Equinox

Le dissident de la République en Marche (LREM) Stéphane Vojetta continue sa campagne contre le candidat officiel du parti, Manuel Valls. Jusqu’ici la stratégie du député sortant Vojetta était de dédramatiser sa non-investiture et user de bienveillance avec le parti présidentiel. Là où certains dissidents dans d’autres circonscription laissent publiquement éclater leur colère et publient des messages d’aigreur envers Emmanuel Macron, Vojetta lui ne cesse d’envoyer les mots doux. « Nous nous retrouverons tous ensemble après mon élection ». « Même la personne qui a signé ma lettre d’exclusion d’En Marche reste un ami ».

La tactique de Vojetta est d’apparaître comme un candidat macroniste et lié de manière apaisée à son ancien parti en garantissant à ses votants qu’il siégera dans la majorité présidentielle en cas d’élection. Face à un Manuel Valls candidat officiel , Vojetta joue la partition du candidat légitime. Allant même jusqu’à tweeter ce week-end qu’il était « dans la circonscription le SEUL candidat à avoir participé à l’élaboration du programme d’Emmanuel Macron pour les Français de l’étranger », ajoutant qu’il fallait « faire attention aux imitations ».

Le communiqué de la majorité présidentielle

La pique de trop contre Manuel Valls qui a eu pour conséquence la publication d’un communiqué officiel très dur de la République en Marche et des autres partis formant la majorité présidentielle. « Alors que certains cherchent à semer le doute, la majorité présidentielle est très claire : Manuel Valls est son seul candidat dans la circonscription. Si d’autres candidats se revendiquent comme appartenant à la majorité présidentielle il s’agit d’une usurpation », signent ensemble l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, François Bayrou et Stanilas Guerini, les patrons des partis présidentiels. Le texte se conclue par une menace à peine voilée : « des procédures seront engagées à leur encontre car cette confusion ne peut plus persister ».

STEPHANE VOJETTABravache, Stéphane Vojetta a immédiatement répondu sur Twitter que les dirigeants ayant signé le communiqué n’ont pas dû le lire. Contacté par Equinox, il explique qu’il s’agit d’une lettre type issue d’un « kit des dissidents émis par la République en marche et fourni à chaque député qui subit la présence d’un concurrent dans une circonscription ». Ce que confirme le parti présidentiel. Des communiqués sont partis en début de semaine dans toutes les circonscriptions où un marcheur affronte un dissident, explique à Equinox la direction parisienne du parti.

 « Tout ça, c’est du théâtre pour le public, je suis toujours dans la boucle Telegram des députés LREM et ma suppléante Nathalie Coggia est toujours dans la boucle du bureau exécutif du parti dont on l’a pourtant officiellement exclue. Et puis, les menaces contenues dans le communiqué sont absurdes et ridicules, je ne vois pas comment on pourrait me poursuivre juridiquement parce que je dis que je suis un soutien du Président de la République. Il faut relativiser tout ça », persiste le candidat.

Et sur Twitter de continuer à fanfaronner  : « une pensée amicale pour les Marcheurs qui, au siège à Paris, doivent carburer à l’alcool fort pour tenir le coup alors qu’on leur exige de mener ce genre de “campagne” contre nous. Courage les amis, le 5 juin c’est fini ! ». 

Les attaques contre Valls

On retrouve ici le dernier axe de la stratégie de Vojetta : l’impopularité (réelle ou supposée) de Manuel Valls. Depuis le début de la campagne, le sortant ne cesse de se placer en rempart centriste face à un Valls prétendument carbonisé. Vojetta le bienveillant avec Macron n’hésite plus à manier l’insulte envers Valls. Après que ce dernier a publié sur Twitter un extrait de son interview sur Equinox où il se félicitait du « fait unique qu’un ancien Premier ministre puisse représenter les Français de l’Etranger », Vojetta a lâché son commentaire : « en espagnol Le melon se traduit par El melón ».

MANUEL VALLSManuel Valls, lui, ne répond jamais directement à son adversaire. Contacté par téléphone, Manuel Valls indique qu’il n’entrera « dans aucune polémique ». L’ancien Premier ministre glisse tout de même que l’on ne « peut pas avoir en même temps les avantages du dissident et les avantages du candidat officiel ». 

Ce duel macroniste fait sans doute un heureux : Renaud Leberre, candidat de Nupes, qui devrait être assez facilement qualifié pour le second tour. Et vraisemblablement, il affrontera soit Valls, soit Vojetta. La guerre intestine laissera-t-elle des séquelles pour l’indispensable report des voix entre les deux supporters du président de la République ? Non, répondent en choeur les deux macronistes qui sont au moins d’accord sur ce point.

Regarder l’interview de Manuel Valls sur Equinox

 

Regarder l’interview de Stephane Vojetta sur Equinox

 

Regarder l’interview de Renaud Le Berre sur Equinox 

 

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