Le dictionnaire de Barcelone : lettre J

DICTIONNAIRE DE BARCELONE

DICTIONNAIRE DE BarceloneTous les dimanches, Equinox publie son dictionnaire de Barcelone. Aujourd’hui la lettre J.

 

Jeux Olympiques

Anneau olympique de Montjuïc - Visit Barcelona

Une tour de télécommunications tout droit sortie d’un film de science-fiction, des boulevards périphériques coupant en deux des quartiers, ou encore des tours presque jumelles faisant face à la mer. Les jeux Olympiques de 1992 ont légué à Barcelone un héritage considérable au niveau urbanistique, transformant son visage à l’aube du XXIème siècle, et à travers lui ont changé la vie des Barcelonais. L’un des plus grands changements amenés par les Olympiades : l’ouverture à la mer.  L’opération a permis de redynamiser l’ancien quartier industriel de Poblenou et rendre le littoral accessible aux Barcelonais en déviant les voies ferrées. De nombreux autres quartiers et districts de Barcelone ont profité des Jeux olympiques pour se moderniser, comme avec la construction d’infrastructures sportives sur Montjuïc (Palau de Sant Jordi) et dans le quartier du Valle de Hebrón, la rénovation d’autres bâtiments existants mais vétustes (stade olympique, piscines Bernat Picornell). Pour l’accès et l’accueil des visiteurs, des hôtels (Hotel Rey Juan Carlos, Hotel Arts) sont sortis de terre et les transports ont été améliorés (construction de boulevards périphéries, agrandissement de l’aéroport et du port, développement de la gare de bus de l’Estació del Nord…). En somme, les jeux Olympiques de 1992 ont été pour Barcelone l’occasion de se moderniser, de préparer son entrée dans le XXIème siècle et devenir la ville attractive qu’elle est aujourd’hui.

Jordi (Sant)

sant jordi catalogne

Chaque 23 avril, c’est la fête : les rues des villes de toute la Catalogne se transforment en une librairie géante. Mais pour comprendre pourquoi les Catalans célèbrent tant de choses le 23 avril, il faut remonter dans le temps et à quelques dizaines de kilomètres au nord de Tarragone. Dans le village de Montblanc, on raconte qu’un dragon terrifiait la population et obligeait les habitants à sacrifier l’un des leurs, afin d’apaiser la bête. Mais quand vint le tour de la princesse, un chevalier apparut et promis aux villageois de les délivrer du dragon : Sant Jordi. De sa lance, il transperça l’animal et sauva la princesse. De la bête, un flot de sang jaillit et tomba au sol ; la légende raconte qu’un rosier serait alors sorti de terre. Si cette légende, bien que très populaire, laisse douter de sa véracité, les historiens s’accordent sur le fait que Sant Jordi prend son importance lors du XVème siècle : il devient le saint-patron de la Catalogne, et naissent des foires durant lesquelles les fiancés s’échangent des roses rouges. La figure du chevalier romantique s’ancre d’autant plus dans la culture catalane durant la Renaixença, mouvement culturel et artistique du XIXème siècle qui en fait un véritable emblème catalan. Mais le symbole du livre arrive bien plus tard dans l’histoire, et durant un événement majeur : l’Exposition internationale de 1929. Afin de promouvoir les lettres régionales, les libraires barcelonais installent des stands à l’extérieur et c’est un franc succès. L’idée naît alors de changer la date de la « fête du livre » (qui était alors le 7 octobre) et l’on choisit le 23 avril pour son symbole : c’est le jour de la mort de Shakespeare et de Cervantes, deux monuments de la littérature mondiale. Hasard ou non, le 23 avril est le jour de la Sant Jordi : la fête telle qu’on la connaît aujourd’hui est née.

Joan (Sant)

Sant Joan: Seis tradiciones para la velada

Le 23 juin, à la nuit tombée, jaillit le feu de la Sant Joan en Catalogne. Chaque ville et village de la région allument un brasier, afin de faire honneur à une tradition païenne. Cette fête puise ses origines bien avant les célébrations catholiques. Les feux de la Saint Jean proviendraient de rites celtes et germaniques visant à bénir les moissons estivales. Les villageois récupéraient un tas d’objets dont ils n’avaient plus besoin et y mettaient le feu. Les Chrétiens ont ensuite repris ces habitudes pour célébrer la Nativité de Saint Jean le Baptiste, le 24 juin. En Espagne, ce sont les Rois Catholiques qui ont mis en place cette fête qu’ils ont attribuée à la naissance de San Juan (Saint Jean le Baptiste), prophète qui a annoncé l’arrivée de Jésus. Ces célébrations portent le nom de Las Hogueras de San Juan (les feux de la Saint-Jean).

Jaume (Plaça Sant) – Siège de la Gèneralitat

independance de la Catalogne

Sur la plaça Sant Jaume se trouve le palau de la Generalitat de Catalunya qui trouve son origine dans les représentations permanentes créées pour gérer l’administration entre les réunions des cortsles « états généraux » du comte de Barcelone sous contrôle du roi d’Aragon. En 1200, le territoire des pays catalans sont gouvernées par le roi Jaume I, en très large autonomie politique du royaume de la Castille. Vers la fin de 1200, les corts prennent forme plus institutionnelle et sont divisées en trois braços (bras) : ecclésiastique, militaire et populaire. Les délégués de chaque bras représentaient l’ensemble de la population catalane et reçurent alors l’appellation de General de Cathalunya. Comme les états généraux français, la première mission des corts était de lever de nouveaux impôts au nom du roi. En 1350, Pere IV entra en guerre contre les troupes castillanes qui tentaient d’envahir l’Aragon et la région de Valence. Il offre un rôle majeur aux corts: le droit de déléguer leurs fonctions entre chaque réunion à douze personnes à titre permanent. La députation rassemble des membres de chaque « bras » et est présidée par un ecclésiastique. Ainsi naît officiellement la Generalitat de Catalunya, en 1359. Petit à petit, en plus de lever les impôts et régir la fiscalité, la Generalitat prend un rôle plus politique en contrôlant les décisions du roi. De plus en plus politisée et influente, la Generalitat s’intéresse aux prises de décisions du royaume d’Aragon. Relativement puissante, elle lève alors ses propres troupes et entretient ses galères. Elle exerce aussi un rôle diplomatique. Cependant la Generalitat verra ses compétences rabotées sous l’influence croissante des monarques espagnols jusqu’au drame de 1714. L’Espagne entre en guerre avec la France, avec pour motif de discorde la succession du trône de Madrid. En 1714, la Catalogne en rébellion totale contre Madrid tombée militairement entre les mains du rois Felipe V qui suspendra toute autonomie politique de la Catalogne. La Generalitat sera purement et simplement dissoute deux ans plus tard, en 1716. Deux siècles plus tard, le 2 août 1931, la Generalitat fait son retour, nouvellement autorisée par la République espagnole. Mais le président catalan Lluis Companys, effrayé par une victoire des droites à Madrid, proclamera un État catalan le la Generalitat. À la suite de la victoire en 1936 du Front populaire, la Generalitat est rétablie avant d’être à nouveau suspendue en 1939 par la dictature nationaliste espagnole du Général Franco. Avec le retour de la démocratie en 1978, la Generalitat renaît de ses cendres et obtient un certain nombre de compétences (police, culture, santé, éducation) décentralisées par Madrid. Une gouvernance autonome qui sera suspendue par Madrid du 28 octobre 2017 au 2 juin 2018 suite à la déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne du 27 octobre 2017.

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