Et si la boisson la plus célèbre du monde n’était pas née aux États-Unis, mais dans un petit village valencien ? À Aielo de Malferit, une distillerie centenaire revendique la paternité du Coca-Cola. Une histoire oubliée, entre foires internationales, formules similaires et silence transatlantique.
Aielo de Malferit, Sud de Valence en 1880. Trois amis, Enric Ortiz Garrigós, Ricard Sanz et Bautista Aparici Belda se lancent dans une aventure commune en fondant leur propre distillerie. : La Botelleria
Un éventail de liqueurs et toutes autres boissons sont inventées, un talent reconnu puisque l’enseigne connait un essor remarquable en 1885 grâce aux grandes foires internationales ou elle reçoit de nombreuses médailles. Parmi cette panoplie, une nouvelle boisson se démarque, le « Kola Coca ». La recette, noix de Kola, feuilles de coca et eau, est considérée à l’époque comme un « tonique miracle » qui soigne les maux de tête, soulage la fatigue et calme les nerfs.
La même année, l’uns des trois amis, Bautista, décide d’aller présenter ce fameux « Kola Coca » à Philadelphie lors d’une foire, c’est là-bas qu’il laisse en toute innocence plusieurs échantillons aux commerçants locaux. Cette toute nouvelle boisson connait un véritable succès aux Etats-Unis, un succès étrangement de courte durée.
Un an plus tard, à Atlanta, le pharmacien John Steve Pemberton partage sa « nouvelle » potion à base de noix de kola, feuilles de coca et eau gazeuse, qu’il appellera « Coca-cola ». La seule différence avec la boisson espagnole : l’eau. Imitation ou hasard ? Aucune preuve concrète n’est aujourd’hui accessible démentant ce potentiel plagiat mais aucune preuve ne l’infirme non plus. Et pourtant, « Coca-Cola » est présentée par tous comme une invention américaine, née à Atlanta. Nulle mention des origines espagnoles, encore moins d’Aielo de Malferit.
Une bien étrange coïncidence
Il s’ensuit que pour certains, la coïncidence est bien trop grande. À Aielo, on avance même l’hypothèse d’un lien indirect entre John Pemberton et l’un des commerçants américains ayant reçu un échantillon de Kola Coca lors de la foire de Philadelphie. Selon un rapport d’ABCnews, les Valenciens pensent « que la ville espagnole d’Aielo de Malferit est le berceau de Coca-Cola et que l’usine qui a développé la formule du soda le plus vendu au monde a été privée de sa place légitime dans l’histoire ». Juan Micó, actuel propriétaire de la distillerie depuis 1970, explique pour sa part : « à l’époque, il était facile de copier une boisson. Les brevets n’étaient déposés que si un produit était un succès. »
Alors aujourd’hui encore, le doute persiste. Entre la recette quasi identique, la chronologie frappante et la disparition soudaine du Kola Coca des radars américains, le secret sur l’origine espagnole de Coca-Cola ne cesse d’alimenter les conversations à Aielo. Face à l’empire aujourd’hui mondial qu’est devenue la marque, la petite distillerie poursuit son activité, avec fierté. L’histoire officielle oublie parfois où tout a vraiment commencé.