L’affaire du détournement de fonds du parti socialiste au pouvoir se transforme en scandale sexuel. Si les bras droits de Pedro Sánchez ont quitté la vie politique après avoir été accusés d’avoir dérobé 600 000 euros, l’opinion publique est sous le choc du comportement des deux hommes. Dans les audios saisis par la Guardia Civil, les responsables socialistes s’offrent des prostitués avec l’argent public détourné en traitant les femmes comme de la marchandise.
« Ariatna est parfaite, elle est nouvelle…. Et la nouvelle Colombienne..Carlota, elle s’éclate à mort. Eh ben, comme tu veux. Prends Ariatna et Carlota à la fois… » L’ancien bras droit du ministre socialiste José Luis Ábalos, déjà poursuivi pour un vaste réseau de corruption lié à des marchés publics de masques pendant la pandémie, est depuis une semaine éclaboussé par des révélations sur des soirées de luxe impliquant de la prostitution. À ses côtés, le secrétaire général du PS, Santos Cerdán, qui vient de quitter toute fonction politique.
Pedro Sanchez, Jose-Luis Abalos, Santos Cerdán, Koldo García en 2015
Ce qui n’était au départ qu’une sombre affaire de détournement de fonds liés à l’achat de masques durant la pandémie de Covid-19 se transforme en scandale bafouant toutes les valeurs du féminisme pourtant défendues âprement par Pedro Sánchez et son parti socialiste. Au cœur de la tourmente : Koldo García Izaguirre, ancien garde du corps propulsé à des fonctions de conseiller ministériel, proche de l’ancien ministre socialiste des Transports José Luis Ábalos, lui-même figure influente du gouvernement Sánchez jusqu’en 2021.
L’affaire, à l’origine, est un système présumé de corruption mis en place pendant la pandémie, lorsque le gouvernement espagnol multipliait les contrats d’achat de matériel médical. Koldo García est soupçonné d’avoir joué le rôle d’intermédiaire opaque dans l’attribution de marchés publics à la société Soluciones de Gestión, contre d’importantes commissions. Selon l’enquête, plusieurs millions d’euros auraient ainsi été détournés, à travers un réseau impliquant des entrepreneurs, des hauts fonctionnaires et des personnalités proches du Parti socialiste.
« Ce soir, quatre putes au Wellington »
Mais depuis quelques jours, l’affaire a pris une tournure bien plus scabreuse, propre à choquer l’opinion publique et à ébranler la légitimité du gouvernement. La levée de l’instruction d’un rapport de la Guardia Civil de 500 pages a mis en lumière des écoutes téléphoniques où Koldo García et d’autres protagonistes évoquent en des termes crus des soirées dans des hôtels de luxe madrilènes en compagnie de prostituées, financées, selon les enquêteurs, grâce à l’argent issu de la corruption. « On va à l’hôtel avec deux filles », glisse tranquillement l’un des membres du réseau dans un enregistrement. Un autre précise : « Ce soir, quatre putes au Wellington » – une adresse huppée de la capitale. Les enquêteurs de la Guardia Civil soupçonnent que ces dépenses luxueuses et ces services sexuels ont été payés en liquide.
Problème : ces trois hommes impliqués sont particulièrement proches de Pedro Sánchez. En 2015, ils ont conquis le parti socialiste à la barbe des barons embourgeoisés lors d’une primaire pour désigner le secrétaire général du parti. À l’époque, Sanchez avait embarqué, dans sa Peugeot personnelle, Abalos, Cerdán, et García pour faire le tour des fédérations socialistes et rencontrer les militants de face-à-face. Il est devenu un cas d’école politique avec ce tour de force.
Cette affaire le place donc dans une situation pour le moins délicate, et s’ajoute à d’autres polémiques récentes touchant l’entourage de Pedro Sánchez. Son épouse est mise en examen dans une affaire de favoritisme financier. Le Premier ministre se dit aussi surpris, choqué et déçu que les Espagnols, et demande pardon pour avoir fait confiance trop facilement.