Barcelone souffre. Canicule dès le printemps, nuits tropicales. La ville n’est pas adaptée à la chaleur extrême. En catastrophe, la municipalité sort un plan d’urgence pour gérer une Barcelone sous 50 degrés.
Photo de couverture : Clémentine Laurent
A Barcelone, les températures seront de plus en plus élevées et les épisodes de forte chaleur dureront plus longtemps. Les experts sont formels. La mairie a présenté ce jeudi un plan spécifique dans le cas où la ville connaitrait une canicule atteignant 50 °C. Le conseil municipal intègre de nouvelles mesures dans le cadre du Plan Climat, afin d’atténuer ces épisodes torrides et tenter de protéger les habitants, en particulier les plus vulnérables. Une feuille de route budgétisée à hauteur de 111,6 millions d’euros.
Parmi les orientations les plus marquantes figure la réalisation d’un exercice de simulation dans deux ans, pour tester la réaction de la ville en cas de température atteignant 50 degrés. Une initiative similaire avait été menée à Paris en octobre 2023. La date précise de cet exercice n’est pas encore fixée. « L’objectif sera d’évaluer la capacité de la ville, mais aussi celle des citoyens, à faire face à des conditions climatiques extrêmes », a souligné aujourd’hui la maire adjointe Laia Bonet, en charge notamment des questions climatiques.
Une stratégie qui arrive un peu tard ? Les prochains jours s’annoncent suffocants à Barcelone. La chaleur montera jusqu’à 34 °C ce dimanche. Les nuits seront chaudes également avec 25°C attendus lundi soir. Ce phénomène de nuit tropicale s’explique par la concentration de béton, d’asphalte, le manque de végétation dans certaines zones, un trafic routier trop dense, la surpopulation et le manque d’espace dans le centre. Résultat : Barcelone ne rafraîchit plus, même la nuit.
S’inspirer de Paris
La capitale catalane prévoit de renforcer certaines actions déjà en place. Par exemple, étendre le réseau des lieux frais, comme les refuges climatiques, qui seront au nombre de 400 cet été, soit 26 de plus qu’en 2024. Ces espaces maintiennent en général une température plus fraîche que celle dans les rues de Barcelone (environ 26 degrés pour les espaces intérieurs), ils sont accessibles à tous, la population y a accès à de l’eau et peut venir s’y reposer. Parmi ces lieux, on trouve des bibliothèques, des centres sportifs ou encore des musées.
L’augmentation des zones d’ombre est une autre priorité. Le conseil municipal prévoit d’installer des toiles d’ombrage dans 200 espaces de la ville d’ici à 2027, couvrant ainsi jusqu’à cinq hectares.
Autre axe du plan : adapter les écoles. L’une des demandes les plus fréquentes des établissements scolaires est l’installation de climatisation. Les classes barcelonaises suffoquent. Dans certaines zones, les professeurs doivent choisir entre ouvrir les fenêtres et subir le bruit assourdissant du trafic routier ou supporter une salle fermée qui ressemble plus à une serre qu’à une école. La climatisation se déploie progressivement dans certains établissements. La mairie finance cette action grâce aux recettes générées par l’augmentation de la taxe touristique. Mais la fraicheur n’est pas pour demain. L’objectif est d’atteindre 170 écoles équipées de climatisation d’ici à 2029.
Pour élaborer ce plan, Barcelone a étudié les mesures adoptées dans des grandes villes, comme Paris. Mais aussi à Los Angeles par exemple, l’expérience des « Cool Pavements », où les rues ont été repeintes en blanc, qui fait baisser de 6 à 7°C la température des grandes artères. De l’autre côté du globe, au début des années 2000, Séoul a remis à l’air libre l’une de ses rivières au-dessus de laquelle passait une autoroute. Résultat : une baisse de 3 à 5°C dans les alentours.
