Junqueras et « les Jordis » doivent quitter la vie politique pour sortir de prison

L’acte dicté hier par le juge du Tribunal suprême Pablo Llarena, laisse entendre que pour sortir de prison, l’ancien vice-président Junqueras et les autres détenus doivent quitter la politique. Décryptage.

Oriol Junqueras, ancien vice-président et ministre de l’économie catalan, Joaquim Forn ex-ministre de l’intérieur, Jordi Sànchez président de l’association séparatiste ANC, numéro deux de la liste de Carles Puigdemont aux élections et Jordi Cuixart président de l’association indépendantiste Òmnium sont encore en prison préventive. Tandis que les anciens ministres des affaires étrangères, de l’aménagement du territoire, de la fonction publique, du travail, de la justice et l’ex porte-parole du gouvernement ont été remis en liberté provisoire hier.

Pourquoi un groupe de politique libéré et un autre non? En examinant l’acte dicté par le juge Llarena, on comprend que ce dernier a distingué les faits commis. La sévérité envers Oriol Junqueras, les Jordis et Joaquim Forn est en lien avec leur implication le jour où la police espagnole est venue perquisitionner le siège du ministère de l’Économie de Junqueras afin de confisquer des éléments en lien avec l’organisation du référendum. Le 20 septembre dernier, les deux Jordis sont accusés par le juge d’avoir convoqué une manifestation illégale. Concrètement, une foule de dizaines de milliers de personnes a empêché durant près de 24h la sortie de la police espagnole. Ce même jour, Oriol Junqueras a été protégé par la foule pour rentrer dans son ministère. Enfin, le ministre de l’intérieur de l’époque Joaquim Forn n’a pas donné l’ordre à la police catalane de disperser la manifestation. En étant impliqué directement dans ce qui est considéré comme une attaque contre la police espagnole, les quatre inculpés ne peuvent prétendre à sortir de prison.

Risque de récidive

Le juge considère que le risque de récidive est quasiment certain à cause des candidatures d’ Oriol Junqueras, de Joaquim Forn et de Jordi Sànchez qui se présentent tous aux élections du 21 décembre. Jordi Cuixart a affirmé vouloir continuer la lutte indépendantiste via la présidence de l’association indépendantiste Òmnium.

“Dans le cas des inculpés, le risque de récidive est très probable et ils peuvent produire des actes avec une importante gravité comprenant des irréparables conséquences pour la communauté (…) Le danger ne disparaît pas avec la formelle affirmation que les inculpés abandonneront leur stratégie d’action politique (…) Le changement de volonté d’abandonner cette stratégie d’action doit être véridique et réel » peut-on lire dans l’acte dicté par le juge.

En traduction, même si Oriol Junqueras a mis de l’eau dans son vin, en expliquant au juge qu’il ne prendrait plus des mesures unilatérales pour conduire la Catalogne à l’indépendance, cela ne suffit pas pour se redonner une crédibilité devant la justice espagnole. Le fait qu’il soit candidat à la tête d’une liste qui veut « implanter la république catalane » présente un risque élevé de récidive par rapport à ce qu’a connu le pays durant l’octobre catalan. Pour le juge, seul un retrait définitif de la vie politique de Junqueras, des Jordis et de l’ancien ministre de l’intérieur offrira la garantie de ne pas récidiver et leur permettra de sortir de prison.

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