Annulation du Salon du Mobile de Barcelone: la théorie du complot

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Comme souvent la théorie du complot apparaît pour expliquer un fait d’actualité causant une grande déception. L’annulation du Mobile World Congress de Barcelone n’échappe pas à la règle. 

« Le jour où la continuité du MWC est en jeu, le Congrès des députés consacre toute son énergie à discuter avec passion du Venezuela. Le jour où Barcelone pourrait perdre, peut-être pour toujours, l’organisation d’un événement qui vous relie à l’avant-garde technologique du monde, en plus de déclarer un revenu de 500 millions d’euros par an et 14 000 emplois, l’information du Parlament de Catalogne la plus citée dans les réseaux sociaux est l’intervention d’une députée indépendantiste prônant de toujours parler en catalan à tous ceux qui « à cause de leur apparence physique, ne semblent pas catalans » écrit ce matin dans La Vanguardia, l’éditorialiste habituellement très modéré Enric Juliana. Le ton est donné.

Le vétéran du journalisme laisse sous-entendre que la désinvolture des hommes politiques catalans et espagnols ne serait pas étrangère à la perte de l’édition 2020 du Mobile World Congress. Une manière de flirter avec la théorie complotiste, le coronavirus ne serait pas la raison principale de l’annulation, qui se répand depuis hier soir dans les journaux et plus encore sur les réseaux sociaux. Pour la presse à tendance conservatrice, l’accumulation des tensions politiques seraient à l’origine du départ des marques de téléphones mobiles. L’aversion de la maire Ada Colau pour le congrès lors de sa campagne électorale de 2015, les grèves de métro, la régulation d’Uber et Cabify, les protestations indépendantistes contre la venue du roi d’Espagne, sont cités pêle-mêle comme possibles explications aux désistements de géants du secteur.

Sur le réseau social Twitter, les indépendantistes les plus radicaux croient voir la main du roi d’Espagne derrière l’annulation du MWC. Les séparatistes s’appuient sur le fait que pendant la période de la déclaration d’indépendance en octobre 2017, la maison royale avait manœuvré pour que des banques et des grandes entreprises retirent leurs actifs de Barcelone.

Théories complotistes

Plus généralement, les deux camps s’interrogent sur le fait que d’autres rendez-vous soient maintenus malgré l’épidémie du coronavirus. Les amateurs du complot se plaisent à citer un événement plus ou moins similaire au MWC: une feria audiovisuelle qui se tient actuellement à Amsterdam. Ce festival a commencé mardi et malgré l’annulation de la marque LG, il n’y a pas eu l’effet boule de neige tel que l’a connu Barcelone. Il est évident que la surmédiatisation des annonces du  retrait des grandes marques a joué en la défaveur du MWC. Aucune entreprise n’aurait voulu assumer un « bad buzz » si finalement un employé se trouvait en contact avec le virus pendant son séjour barcelonais. Par ailleurs, le congrès d’Amsterdam reste l’arbre qui cache la forêt d’événements qui sont suspendus actuellement à travers la planète. La feria d’art contemporain Art Basel à Hong Kong est aussi supprimée, le salon du gourmet fin mars à Madrid n’aura pas de stands de cuisine asiatique. D’autres événements sont sur la sellette: l’Eurocopa de football, le tournoi de Roland Garros à Paris, la semaine de la mode à Milan, le festival Tomorrowland annonceront leurs décisions dans les prochaines semaines. 

Quant à la tentative de relier une décision commerciale des marques les plus puissantes de la planète avec une grève de métro, des déclarations politiques d’une candidate à la mairie (non suivis d’actes une fois au pouvoir) ou d’une manifestation de quelques exaltés indépendantistes paraît pour le moins naïf. Ou de mauvaise foi.

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