Malgré les restrictions en vigueur, la vie culturelle se poursuit tant bien que mal à Barcelone. Dans les théâtres, les comédiens montent sur les planches, sous les yeux d’un public rassuré par les normes sanitaires. Reportage.
Photos: LS/Equinox
Jeudi soir, dans le quartier de la Sagrada Familia à la frontière de Gràcia, le Teatre Gaudí s’active pour accueillir les spectateurs du jour. « Nous faisons tout ce qui est demandé » explique Ever Blanchet le directeur. Désinfection de la salle à l’aide d’un générateur d’ozone entre chaque session, gel hydroalcoolique à disposition, vitres en plexiglas au guichet, ventilation, sens d’entrée et de sortie, tapis désinfectant, rien ne manque dans ce théâtre né en 2008.

Attirer le public
Jordi est venu accompagné de sa fille âgée d’une dizaine d’années. « Je me suis déjà rendu trois fois au théâtre au cours de ces derniers mois, c’est essentiel pour le bien-être général » dit-il en riant. Pour le Catalan, une telle soirée lui permet d’oublier la routine quotidienne, « c’est sain ». Continuer à sortir, c’est aussi une façon de « maintenir les spectacles pour que la culture ne meure pas » précise-t-il.

Pour attirer les spectateurs, le gouvernement catalan a accordé une exception au monde de la culture. Les spectacteurs des cinémas, théâtres et salles de concerts sont autorisés à rentrer chez eux après le couvre-feu, jusqu’à 23h. Ils doivent être munis de leur ticket d’entrée en cas de contrôle policier afin de justifier leur déplacement.
À l’intérieur, les lieux doivent respecter les normes sanitaires et sont soumis à quelques restrictions. La capacité d’accueil est passée à 50%. Le maximum est de 500 spectateurs par session et 1.000 dans certains cas. Les lieux culturels vendent donc moins d’entrées. « Ce n’est pas rentable. Et ça l’est encore moins pour les grandes salles de spectacle qui ont beaucoup plus de frais. Avec un espace de 226 places et un autre de 40 places, nous sommes un théâtre de taille moyenne » précise Ever Blanchet.
Survivre à l’heure du Covid
Néanmoins, la Catalogne a fait un geste pour soutenir ces lieux culturels. Le directeur explique : « si nous vendons que 100 places, la Generalitat va nous verser le montant des 100 places non vendues, avec un plafond maximum de 600 euros par jour. C’est très peu, mais au moins il y a un sauvetage, c’est mieux que rien ». En novembre dernier, la Generalitat annonçait une première enveloppe de 8,4 millions d’euros destinés au monde de la culture.

« Les salaires au chômage avoisinent les 700 euros, ils n’atteignent même pas le salaire minimum de 950 euros » s’indigne le président de l’association des acteurs et directeurs professionnels de Catalogne, Àlex Casanovas. Parmi les mesures, les représentants réclament 2% du bugdet destiné à la culture et un statut d’artiste pour éviter la précarité, soit un équivalent du statut intermittent français qui n’existe pas en Espagne.
