Quartier central de Barcelone, à proximité des lieux culturels les plus importants, le Raval intrigue. Animé mais mal fréquenté, authentique mais sale, digne d’intérêt historique mais à éviter le soir…les commentaires les plus négatifs comme les plus élogieux peuvent être faits sur ce quartier si particulier de la capitale catalane. Pour mieux comprendre son évolution, Equinox est allé à la rencontre d’une de ses plus anciennes habitantes.
Il n’est pas encore 10 heures du matin que les rues du quartier du Raval sont déjà remplies, comme un jour de fête. Un taxi vient de déposer une famille d’Allemands devant leur hôtel, des personnes âgées reviennent du supermarché, trois jeunes hommes déchargent un camion rempli de sodas. Ici, on y vient pour travailler, pour faire quelques achats, et surtout pour accéder aux Ramblas, cœur de Barcelone. Le Raval, on y est de passage mais on n’y reste pas. Ou du moins, on n’y reste plus beaucoup.

Pour autant, cette retraitée de Correos admet regretter l’évolution qu’a vécu le Raval. Autrefois quartier convivial où tout le monde se connaissait, il a connu une rapide tranformation dans les années 2000 avec l’arrivée du tourisme de masse, perdant son âme d’antan. « Avant, quand on allait acheter quelque chose, on se connaissait tous les uns les autres, on se parlait, on échangeait. Aujourd’hui, on ne connait plus personne. Beaucoup de gens venus de l’étranger se sont installés, et c’est comme ça que cette ambiance chaleureuse s’est perdue peu à peu. Maintenant, il n’y a presque plus d’Espagnols ici« .
Joyeux le jour, dangereux la nuit
Alors qu’autrefois des fêtes de quartier réunissaient tous les riverains pendant plusieurs jours dans les rues du Raval, grandes tablées et décorations réalisées par les habitants donnaient vie à ce qu’elle appelle « le petit village de Barcelone », cette époque est révolue. « C’était très plaisant et joyeux ici. On allait rue Cadena, chacun amenait ce qu’il pouvait et on partageait. La fête du quartier c’était la chocolatada, on venait tous manger du chocolat ! Maintenant tout ce qui est organisé c’est pour les touristes, il n’y a plus grand chose pour nous. Et puis la plupart des gens nés ici sont partis« .
Il faut dire que ses rues sombres, bruyantes et réputées pour être des endroits où la drogue et la prostitution font la loi le soir, ne donnent pas envie de s’y installer. Eugenia reconnaît ne plus sortir à la nuit tombée « C’est devenu dangereux, il faut faire très attention. Le soir, tant que je ne suis pas rentrée chez moi, je ne suis pas tranquille« . Pourtant, le Raval sans ses problèmes d’insécurité aurait de quoi séduire. Quartier historique vivant, animé, abritant de nombreux ateliers artistiques, cafés, restaurants ou encore boutiques de proximité, le Raval ne s’est peut être pas complètement perdu.
