Lycée français de Barcelone : les conséquences après l’affaire d’agressions sexuelles

medecin français à Barcelone

Depuis l’ouverture d’une enquête pour agressions sexuelles au lycée français de Barcelone, les questions se multiplient, et la colère monte. Que risque l’école ? L’agresseur présumé ? Et dans quel état d’esprit se trouve la communauté française ? Avocat, institutions, parents et professeurs répondent.

Coup dur pour le lycée français de Barcelone. Depuis lundi 20 mars, l’établissement traverse une crise. Les Mossos d’Esquadra enquêtent sur une affaire d’agressions sexuelles sur mineurs. Deux fillettes auraient été touchées par un moniteur de cantine. L’une d’entre elles a 5 ans seulement, et montre déjà des comportements anormaux pour une enfant de son âge. Les faits auraient commencé au mois d’octobre dernier. Mois où les parents de la victime ont fait part de leurs premières inquiétudes au directeur de l’école maternelle, Stéphane Housset.

« Il nous a dit que cela pouvait arriver, qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, alors on l’a cru », témoigne le père de la fillette, sur Equinox. Alors forcément, lorsque vient le moment où l’enfant parle, la colère des uns et les peurs des autres éclatent. Le papa et la maman de la petite fille reprochent à l’école d’avoir cherché « à étouffer tout début d’affaire » et « maintenir une culture du secret ». Les parents d’élèves, eux, accusent encore le coup. « Ils sont inquiets. Le lycée a organisé des réunions accompagnées de la psychologue scolaire. Mais sans les conclusions de l’enquête, il y a beaucoup de questions sans réponse », évoque Yannick Aubert, président de l’Association des parents d’élèves (APE) du lycée français.

Dans le même temps, du côté des institutions, les rares qui osent se prononcer sur le sujet, prônent, à l’avenir, davantage de prudence. « Ce n’est pas parce qu’on est au lycée français qu’il faut rester dans une bulle. Il faut réagir le plus rapidement possible et mettre en place des protocoles », assure Renaud Le Berre, conseiller consulaire et professeur d’économie au lycée français de Barcelone. « On n’est jamais à l’abri des problèmes. Ça montre bien qu’il faut faire attention à l’accompagnement et à l’écoute des victimes. Mais aussi au recrutement », renchérit l’élu.

Le lycée français et l’entreprise externe (aussi) responsables

Le présumé agresseur, un accompagnateur d’élèves à la cantine, faisait partie de l’entreprise Serunion. Une externalisation qui peut emmener des dérives. « Nous, en tant que fonctionnaire, on est obligé de présenter un casier judiciaire vierge. Est-ce qu’il y a les mêmes contraintes pour les personnels externes ? » Oui, la loi l’exige, confirme Hector Deniz, avocat spécialisé en droit pénal et compliance. Pour travailler aux côtés de mineurs, les employés doivent montrer patte blanche. À supposer, donc, que le moniteur accusé d’agression sexuelle n’avait pas d’antécédents.

D’après le communiqué du lycée français, diffusé par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) qui gère tout le réseau, l’homme principalement concerné a été suspendu suite à l’ouverture de l’enquête. L’établissement ajoute : « Dès connaissance de ces informations, la direction du lycée français de Barcelone a immédiatement mis en place les mesures de protection nécessaires. » Mais n’est-ce pas trop tard ?

lycee francais de Barcelone sans bandeau

C’est en tout cas ce que pointe du doigt l’avocat. « La date des faits est très importante. Car il y a eu une réforme du Code pénal, le 7 octobre 2022 », annonce Hector Deniz. En lien avec la loi espagnole du consentement, les entreprises, déjà estimées responsables depuis 2010 de certains délits qui ont lieu au sein de leur établissement, le sont aussi pour les délits à caractère sexuel. Et c’est en ce sens que le lycée français de Barcelone risque le plus. « Dans le cas précis de cette affaire, l’école devait enquêter sur les faits et mettre en place des protocoles. Si elle ne l’a pas fait, alors elle peut être responsable », explique l’avocat.

Le lycée et l’entreprise externe pourraient alors recevoir une lourde amende, jusqu’à plusieurs milliers d’euros, en plus de devoir compenser les préjudices physiques et moraux subis par la victime. Pour ne pas l’avoir protégée, à temps. « Nous tenons à redire notre attachement à la sécurité et au bien-être des élèves », déclarait pourtant l’institut. Mais alors, comment une telle affaire peut-elle se produire dans un établissement d’un si haut rang ?

« Le standing ne protège pas des abus »

Dans une école où les frais de scolarité s’élèvent à 500 € par mois et par enfant, la rigueur et la protection devraient faire partie des principes premiers. « Malheureusement, le standing ne protège pas des abus », se désole le conseiller consulaire Renaud Le Berre. Car, malgré tout, l’AEFE n’en est pas à sa première affaire.

En 2019, le proviseur du lycée français Victor-Hugo de Marrakech avait été accusé par une quinzaine d’élèves de harcèlement sexuel. « Pendant des années, il est passé entre les gouttes grâce à la loi du silence et l’absence de protocole », s’insurge Renaud Le Berre. Le cas s’avère bien différent dans la cité comtale. Il n’implique, ni directement, ni personnellement, le proviseur du lycée français situé à Pedralbes. Et non plus le directeur de l’école maternelle. Sauf si l’enquête venait à découvrir une quelconque participation.

« C’est le moniteur en question qui ira en prison », s’avance l’avocat Hector Deniz. Une agression sexuelle sur mineur est l’une des plus grosses peines qui puissent exister. Selon la justice espagnole, en charge de l’affaire, l’emprisonnement peut aller jusqu’à 15 ans.

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