De plus en plus chaud, et de moins en moins d’argent. En Espagne, l’économie suffoque sous la chaleur. Les canicules à répétitions font perdre des pourcentages au PIB. Et ce n’est que le début. Analyse.
Photo : Cyane Morel
La canicule n’est pas qu’une question de difficulté à dormir et déshydratation. En Espagne, le pays souffre aussi économiquement de ses chaudes températures. À mesure que grimpe le thermomètre, c’est l’activité de la péninsule ibérique qui se voit affectée. Productivité en baisse, prix et taux d’intérêt en hausse, Produit intérieur brut (PIB) en danger. Voici le constat que dresse la Banque centre européenne. Et lorsqu’il s’agit de l’Espagne, le Centre commun de recherche de la Commission européenne confirme : « le réchauffement climatique, avec les vagues de chaleur et risques qu’il apporte, va affecter l’économie ».
Si ce n’est pas déjà fait. Puisque dans le pays de Cervantes, la sécheresse qui fragilise toute la péninsule a déjà impacté une grande partie du quotidien. L’accès à l’eau, d’une part. Mais aussi la production alimentaire, avec comme répercussions, l’augmentation des prix des fruits et légumes, de l’huile d’olive, et de tout ce qui peut en découler. Car la chaîne de l’inflation ne s’arrête pas à l’alimentation. Elle touche aussi les crédits immobiliers, le secteur touristique, les parcs et loisirs aquatiques, l’essence, les travaux, etc. « Le tourisme et la construction sont les plus touchés, car ils ne peuvent pas utiliser la climatisation », souligne un économiste d’Allianz Research. Difficile, effectivement, de travailler en plein air sous un mercure intense.

L’Espagne « à l’arrêt » pendant 18 jours cet été
Les chaleurs sont de plus en plus extrêmes en Espagne. Or chaque journée au-dessus des 32 degrés suppose une baisse d’activité de 40 %, estime une étude d’Allianz Research, citée dans le journal La Vanguardia. Partant de ce postulat, le cabinet de recherche évalue alors la descente du PIB espagnol à 1 %. De fait, entre le 1er mai et le 4 août, l’Espagne a connu 37 jours au-delà de la barre des 32 degrés. C’est comme si le pays avait vécu 18 journées de grève. Un phénomène observable aussi en Chine, qui a vécu 47 jours au-dessus du seuil indiqué sur la même période, en Grèce avec 35 jours et en Italie, avec 19 jours. La France, elle, s’avère bien mieux lotie puisqu’elle n’en compte que deux.

Cela dépendra des actions, des adaptations et de la transformation des secteurs d’activités en fonction de l’urgence climatique. Un défi à relever rapidement, pour éviter que l’Espagne ne brûle sa propre économie.
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