En Espagne, Pedro Sanchez rempile pour un nouveau mandat de Premier ministre

pedro sanchez

Pedro Sánchez va être investi pour un nouveau mandat de quatre ans à la tête de l’Espagne. Une investiture qui accouche dans la douleur en raison de la grâce généralisée accordée aux indépendantistes catalans poursuivis par la justice. Éclairages. 

Avec un dispositif policier de 16.000 agents, autant que pour un match de football à haut risque, Pedro Sánchez a présenté sa candidature devant le parlement espagnol, afin d’effectuer un nouveau mandat de quatre ans à la tête du pays. Si la tension est si forte autour de la rue Sant de Madrid, siège du Parlement, avec des manifestations de la droite et des nationalistes espagnols, c’est qu’en plus de son investiture, Pedro Sánchez présente un loi d’amnistie en faveur des indépendantistes catalans poursuivis par la justice dans le cadre du processus séparatiste entamé en 2012.

Sans la majorité parlementaire nécessaire pour se faire investir à un nouveau mandat de Premier ministre, le socialiste a dû tout lâcher aux amis de Carles Puigdemont pour obtenir le soutien des groupes parlementaires indépendantistes. Pedro Sánchez, dans son discours, ne s’est pas attardé sur cette mesure polémique et pour laquelle il s’était prononcé totalement contre durant la campagne électorale. L’impétrant socialiste a justifié cette loi pour établir le dialogue, défendre le vivre-ensemble et mettre fin au plus grand conflit territorial de l’Espagne moderne.

Pour tenter de noyer le poisson dans un discours fleuve, Pedro Sánchez a lancé une longue diatribe de plus de 30 minutes contre les alliances entre la droite et les mouvements nationalistes, un peu partout dans le monde. Pour mieux critiquer le Partido Popular (droite) qui aurait en Espagne mis sa destinée dans les mains de l’extrême-droite selon l’aspirant socialiste.

Timide pour expliquer l’amnistie, Pedro Sánchez a mis son énergie à défendre les prochaines mesures très à gauche de la prochaine législature : passage à la semaine de 37,5 heures de travail dès l’année prochaine avec l’objectif d’arriver au 35 heures avant la fin de son mandat, « il ne faut plus vivre pour travailler mais travailler pour vivre » croit savoir le candidat utilisant une formule surannée ; gratuité du transport public pour les personnes au chômage et les moins de 30 ans, à partir du 1ᵉʳ janvier 2024 ; maintenir la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité jusqu’au moins de juin.

« Les riches, je suis désolé, doivent payer plus que ce qu’ils paient actuellement. Et pendant que nous gouvernerons, ils paieront plus que les autres » affirme Sánchez dans un style très gauche radicale afin de satisfaire ses partenaires. En effet, pour dégager une majorité, les socialistes ont dû signer des accords avec différentes forces parlementaires d’extrême-gauche : des amis d’Ada Colau en Catalogne, à la gauche anti-système de Galice, en passant par les anti-capitaliste de la nouvelle plateforme Sumar. Ce dernier collectif entrera au gouvernement, prenant la suite de Podemos.


Le polémique accord avec les indépendantistes catalans

Pour obtenir les voix des députés indépendantistes catalans, Pedro Sánchez a cédé sur une loi d’amnistie, dont le texte a été déposé au parlement cette semaine et doit être voté par la chambre basse. Cette loi prévoit de gracier toutes les personnes condamnées ou poursuivies pour des faits perpétrés entre 2012 et 2023, en lien avec les référendums de 2014 et 2017. Environ 400 personnes seraient concernées, dont Carles Puigdemont qui pourrait revenir en Catalogne sans être inquiété, après six ans en Belgique.

La loi suscite des réserves de la part de nombreux magistrats, qui dénoncent un non-respect de la séparation des pouvoirs et annoncent déjà un recours au Conseil constitutionnel.

Une investiture ponctuée d’émeutes

L’annonce du projet de loi d’amnistie a donné lieu à de nombreuses manifestations à travers le pays. La semaine dernière, Madrid a été le théâtre de violentes émeutes devant le siège du parti socialiste.

VÍDEO | Disturbios y enfrentamientos con la Policía en la protesta contra la amnistía en Madrid

Et dimanche, ce sont des centaines de personnes qui se sont rassemblées dans toutes les villes d’Espagne pour protester contre l’amnistie, de Séville à Barcelone, sous les slogans « Stop Sánchez » ou encore « Puigdemont en prison ». Des émeutes qui se sont soldées par 42 policiers blessés et autant de personnes placées en garde à vue.

Pourquoi l’investiture se déroule-t-elle près de 4 mois après les élections ?

Les Espagnols ont voté pour leurs députés et sénateurs le 23 juillet dernier. Ce sont ensuite les députés qui votent et investissent le chef du gouvernement.

Le leader de la droite conservatrice du Partido Popular, Alberto Feijóo Nuñez, est arrivé en tête des élections et a donc été le premier à tenter l’investiture. Mais il n’a pas réussi à rassembler la majorité nécessaire et c’est maintenant à Pedro Sánchez, arrivé second le 23 juillet, de tenter sa chance. Le socialiste a noué des accords d’investiture avec la gauche radicale de Sumar ainsi qu’avec les partis régionalistes, dont les nationalistes basques et catalans, qui devraient lui permettre d’obtenir la majorité absolue lors du scrutin des députés demain.

Retrouver le discours de Pedro Sanchez et suivre l’investiture en direct

 

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