Droit à l’IVG : la situation en Espagne

Avortement en espagne

Ce lundi 4 mars, la France est l’unique pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans sa Constitution. L’occasion de faire le point sur la législation concernant l‘IVG en Espagne.

234.300 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées en France lors de l’année 2022. En Espagne, 98.316. La législation actuelle concernant l’IVG en Espagne date de 2010, votée par la majorité socialiste du gouvernement Zapatero. Dans les faits, l’avortement est dépénalisé jusqu’à la 14ᵉ semaine de la grossesse. Comme en France depuis 2020. En Espagne, la loi précise qu’il est possible pour une femme d’avorter jusqu’á la 22ᵉ semaine en cas de risque grave pour la mère ou le fœtus. Dans le droit français, on appelle cela l’interruption médicale de grossesse et elle peut être pratiqué à tout moment de la grossesse.

En Espagne, beaucoup plus qu’en France, le débat est vif. Lors de l’adoption de la réforme socialiste, en 2010, une manifestation monstre a eu lieu dans les rues de Madrid pour protester contre la loi, à l’appel de la droite, de l’église et des associations anti-IVG. Simultanément, un millier d’intellectuels signait un manifeste affirmant que le « commencement de la vie dès la fécondation était une évidence scientifique ». Un postulat soutenu par la prestigieuse école de médecine de Séville, une des plus importantes du pays.

Face à cet émoi, le Partido Popular (droite) alors dans l’opposition a promis de revenir à la législation antérieure. Une loi particulièrement restrictive qui n’autorise l’IVG qu’en cas de viol, de risque de malformation du fœtus ou de risque pour la santé physique ou mentale de la mère. Dans les faits, ce dernier point était utilisé par les médecins pour autoriser les avortements.

Bien moins d’avortements en Espagne

Une fois arrivé au pouvoir, le Premier ministre conservateur Mariano Rajoy n’a pas tenu sa promesse. Provoquant un schisme au sein de la droite. Le ministre de la Justice démissionna en signe de protestation, et la frange la plus conservatrice du Partido Popular choisit de renforcer la création du parti de droite radicale Vox. Rajoy se contenta de supprimer le droit des mineures de 16 ans d’avorter sans l’autorisation parentale. Une mesure qui sera rétablie par les socialistes de retour au pouvoir en 2018.

Si 80% des Français sont favorables à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, 71% des Espagnols soutiennent également la possibilité d’avorter jusqu’à 14 semaines comme la loi le prévoit. En revanche, 58% sont contre ouvrir ce droit au mineur sans autorisation parentale.

En 2009, il y a eu 111.482 avortements en Espagne. Après l’adoption de la loi, il y a eu un pic de 118.359 IVG. Pour ensuite redescendre : la barre des 100.000 avortements n’est plus dépassée depuis l’année 2014, pour se situer entre 90.000 et 98.000. Proportionnellement à la population de chaque pays, il y a donc dans la péninsule ibérique 40% d’avortements de moins qu’en France.

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