En urgence, la Catalogne convoque des élections anticipées

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Le président Pere Aragonès provoque un grand coup de théâtre en prononçant la dissolution du Parlement catalan et la tenue d’élections anticipées en mai prochain. Explications. 

Deux ans et deux mois aura duré la XIIIe législature catalane qui était censée prendre fin en 2026. Le Président Aragonès, (gauche indépendantiste – ERC)  déjà fragilisé l’an dernier par le départ de son partenaire gouvernemental (Junts – Droite indépendantiste) n’a pas réussi à faire approuver cette semaine les budgets de la Catalogne. Avec seulement 33 députés sur 135, ERC n’a pas été en mesure de convaincre ni les socialistes, ni les indépendantistes de Junts d’appuyer les comptes.

Sans budget voté au Parlement, la blessure infligée à Aragonès ne pouvait que faire pourrir son gouvernement pendant les deux prochaines années. Pour ne pas en arriver là, les stratèges d’ERC préfèrent l’amputation des mois restants de gouvernement et aller droit aux élections, pensant sauver ce qui peut l’être encore.

Les rapports de force

Ces élections, personne n’en voulait. Salvador Illa, le candidat des socialistes, est prêt pour la campagne et préparé à gouverner la Catalogne, si les sondages se confirment et qu’il remporte les élections. Paradoxalement, une victoire du socialisme en Catalogne pourrait faire tomber de son siège de Premier ministre l’autre socialiste Pedro Sanchez. Ce dernier, en minorité parlementaire, dirige l’Espagne avec le soutien intéressé d’ERC. Si ce parti perd la présidence de la Catalogne, cela signifiera que le flirt avec les socialistes à Madrid aura été massivement sanctionné par les votants indépendantistes catalans. ERC n’aura plus alors aucun intérêt à soutenir Pedro Sanchez. Qui se retrouverait dans une situation très délicate.

Junts, non plus, ne voulait pas d’élections. Le parti de Carles Puigdemont est en train de négocier une loi d’amnistie avec Madrid, pour que les poursuites judiciaires contre les dirigeants catalans, dans le cadre de la déclaration d’indépendance de 2017, cessent. Le 12 mai, les effets judiciaires de la loi d’amnistie ne se seront pas encore produits, et Carles Puigdemont pourra difficilement quitter son exil en Belgique pour revenir faire campagne en Catalogne. C’était pourtant le plan, si les élections avaient eu lieu plus tard.

Des thèmes de campagne proches du quotidien

Pour la première fois depuis les quinze dernières années, le thème principal de la campagne ne portera pas la thématique de l’indépendance de la Catalogne, même si le brouillard séparatiste flottera encore au-dessus des bureaux de votes. Les thèmes de société et d’économie accaparent les discours.

La Catalogne suit le reste de l’Europe, et le débat autour de l’immigration est devenu vif. La droite de Carles Puigdemont, demande à ce que le gouvernement catalan puisse intégralement gérer la politique migratoire afin d’expulser les immigrés délinquants récidivistes et de refuser la nationalité à ceux qui ne veulent pas apprendre la langue catalane. Un positionnement qualifié d’extrême-droite par les gauches qui préfèrent insister sur l’intégration. Fiscalement, Junts veut un tournant libéral avec une baisse des impôts, notamment de succession. Le camp progressiste cherche, lui, à instaurer un RSA local. La situation dramatique de la sécheresse, avec une Catalogne en état d’urgence, sera également un incontournable de cette campagne.

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