Pedro Sanchez : fort à l’extérieur, fragile à l’intérieur

gouvernement espagnol

Édito de Nico Salvado, fondateur d’Equinox.

Photo : la Moncloa

Le Premier ministre socialiste sort les muscles et montre les dents. À la tête de sa coalition socialiste et gauche radicale, Pedro Sánchez souhaite s’imposer sur la scène internationale. Dernier vestige d’une gauche qui gouverne de moins en moins en Europe, Sánchez a trouvé le filon politique en se positionnant comme le bouclier progressiste face à la supposée vague réactionnaire déferlant sur l’occident.

Cette semaine, le chef du gouvernement a ouvert deux fronts : Buenos Aires et Tel Aviv. Sur le sol espagnol, ce dimanche, invité par le parti nationaliste Vox aux côtés de Marine Le Pen, le président argentin Javier Milei s’en est pris à Pedro Sánchez, le comparant à une « sangsue accrochée au pouvoir » avec son « épouse corrompue » Begoña Gomez, soupçonnée de trafic d’influence.

Sánchez a pris la balle au bond, trop content de pouvoir se mesurer à Milei, nouvel homme fort de la droite internationale et lui-même en campagne mondiale contre le socialisme. Si l’Argentin est un provocateur, le gouvernement espagnol n’est pas en reste. Au début du mois, le porte-flingue de Pedro Sánchez, le ministre des Transports Oscar Puente, moquait un président de l’Argentine consommateur de drogues. Dans cette nouvelle affaire, Madrid monte sur ses grands chevaux et a fermé son ambassade à Buenos Aires en attendant des excuses de Milei qui ne viendront jamais. Pour la défense de sa souveraineté, plaide la diplomatie espagnole.

L’autre front, beaucoup plus sulfureux, est la reconnaissance de la Palestine que présentera le Conseil des ministres mardi prochain. « Une récompense pour le terrorisme », a réagi le gouvernement israélien. Ici aussi, Sánchez a agi avec une certaine idée d’un progressisme en tentant, à 5000 km de distance, de barrer la route à la droite incarnée par Benjamin Netanyahu.

Fin stratège politique, Pedro Sánchez espère, avec son positionnement international, accaparer les voix de la gauche et de la gauche de la gauche lors des prochaines européennes. La gauche radicale, incarnée par la vice-présidente Yolanda Diaz, entend défendre son pré carré, en allant toujours un cran plus haut que le socialiste. Dans le dossier argentin, il s’agirait d’interdire l’entrée du territoire à Javier Milei qui doit rencontrer le roi à Madrid en juin prochain. Quant à la déclaration de reconnaissance de la Palestine, elle a rapidement été complétée géographiquement dans une vidéo par Yolanda Diaz : du fleuve Jourdain à la mer méditerranée. Reprenant à son solde le tristement célèbre slogan officiellement interdit en Allemagne et considéré comme antisémite par le Parlement américain. En effet, un État Palestinien qui se déplorait du Jourdain à la mer prendrait géographiquement la place de l’État actuel d’Israël.

Dans cette bataille à gauche, pour le moment, la victoire appartient dans les sondages… à la droite. Si ce scénario se confirmait, le coup serait rude pour le chef du gouvernement. Car si Pedro Sánchez entend briller en dehors des frontières, sur la scène intérieure, les lumières sont éteintes. Il a certes pu se faire investir Premier ministre, pour un nouveau mandat en novembre par une invraisemblable coalition allant des régionalistes basques, aux indépendantistes catalans, en passant par l’extrême-gauche. Mais ce conglomérat de forces disparates ne compte pas appuyer le gouvernement dans ses lois.

Pedro Sanchez, coup sur coup, vient de vivre trois déroutes : impossible de présenter les budgets de la nation devant les députés au printemps ; la loi sur l’abolition de la prostitution a été rejetée en début de semaine par le Parlement et hier le Conseil des ministres n’a même pas voulu présenter sa réforme sur le marché immobilier, sachant qu’à part les socialistes, aucune force politique ne la votera dans l’hémicycle. Force est de constater que Pedro Sánchez n’a pas de majorité pour gouverner le pays. La tentation de Venise passe alors par Buenos Aires et Tel Aviv.

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