Vers la fin des t-shirts beaufs ? Barcelone réinvente ses cadeaux souvenirs

Equinox Barcelone souvenirs

De passage à Barcelone, les touristes en profitent pour ramener à leurs proches des turrons, du jambon, ou des babioles à 2 euros achetées sur la Rambla. Mais ces objets, souvent de mauvaise facture, voire vulgaires, soulèvent un vrai débat sur la valeur du souvenir et ce qu’il doit représenter, tant en terme de qualité que d’esthétique.

Sur la Rambla, les échoppes de souvenirs sont nombreuses… et se ressemblent toutes. D’ailleurs, on pourrait être à Paris, Londres ou Rome, que l’esthétique des dits cadeaux souvenirs ne changerait pas, à l’exception du nom de la ville imprimée sur les sacs, badges et porte-clés. Tous « made in China », confectionnés par des gens qui n’ont surement jamais mis un pied dans la capitale catalane, les produits n’ont rien d’authentique et ne ne bluffent personne.

Isabelle et David, quinquagénaires français croisiéristes en escale, flânent sur la Rambla ce mardi matin de juin avant de repartir en mer. Si Isabelle regarde vaguement les porte-clés et sacs en vente, elle n’est pas dupe : « Ce sont des objets qu’on trouve partout, sûrement ‘made in Taiwan’. Ça n’a pas grand intérêt. »

Au-delà de ne pas rendre justice à l’esprit barcelonais, l’offre frôle, voire plonge tout entier dans le mauvais goût. T-shirts « I love milfs », porte-clés phalliques et autres joyeusetés vulgaires se côtoient aux quatre coins de la ville, et bien plus que dans les 58 commerces autorisés par la mairie à la vente de souvenirs.

Des boutiques de téléphone aux magasins de vêtements, chaque échoppe dispose plus ou moins légalement d’un coin dédié aux produits barcelonais. S’il est compliqué pour les forces de l’ordre de vérifier chaque commerce, il est encore plus difficile de traquer les articles de mauvais goût, qui plaisent au public mais moins à la mairie.

Cette dernière est pour l’instant impuissante face à ce commerce mais la mise en vente d’une nouvelle génération d’objets pourrait – pourquoi pas – être la clé de ce problème ingérable.

Des souvenirs créatifs

C’est pour pallier l’offre quelque peu médiocre que l’association de voisins et commerçants Les Amics de la Rambla a initié un projet visant à créer de nouveaux cadeaux, plus fidèles à l’esprit barcelonais.

Fait en collaboration avec les étudiants de l’école de design Elisava, le projet challenge une certaine vision du souvenir, nous raconte Xavi Masip, président de l’association : « Pour l’instant, ce qu’on a ce sont des objets qui ne représentent ni la ville ni son esprit alors qu’ils sont censés porter la mémoire de la ville. Quand on achète quelque chose et qu’on l’emmène ensuite dans un autre pays, ça doit servir à se rappeler de son passage. » Equinox Barcelone souvenirs

Pour aider à cette réflexion, les étudiants d’Elisava ont confectionné de nouveaux souvenirs en partenariat avec des artisans barcelonais (spécialistes de la céramique, du bois, du cristal, du papier) ancrés dans l’esprit de la ville.

On trouve par exemple parmi les créations une cuillère en verre conçue pour briser la couche de sucre d’une crème catalane, un ensemble de verres et de plateaux pour boire le vermouth qui, empilés, forment la silhouette d’une tour de castellers, des cartes postales en papier recyclé ou des vases à eau inspirés de la fontaine de Canaletes, des pots aux formes organiques qui renferment des arômes représentant différents aspects de la ville…

Equinox Barcelon souvenirs

Autant de créations originales qui, pour le moment, ne sont pas en vente, faute d’investisseur. L’association des Amics étant justement une association, elle ne peut pas supporter le coût de la mise en marche d’un tel projet. Alors pour le moment, ces beaux souvenirs restent dans l’ombre, « on les ressortira sans doute en octobre pour la Barcelona Design Week », promet tout de même Xavi Masip.

De son côté, Isabelle la croisiériste l’assure, elle serait acheteuse de ces produits authentiques, même s’ils étaient plus cher, « tant que c’est de la qualité ». 

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