À Barcelone, l’accord encadrant l’ouverture des commerces le dimanche arrive à son terme. Syndicats, grandes enseignes et mairie s’opposent sur la suite à donner.
Photos : Clémentine Laurent
Ouvrir ou ne pas ouvrir le dimanche : telle est la question. Une question houleuse, que la mairie avait réussi à calmer un temps. En effet, depuis 2022, un accord avait été trouvé entre les patrons et syndicats, stipulant que jusqu’à 2026, les magasins situés dans les zones touristiques ou centrales pouvaient ouvrir les dimanches de mi-mai à mi-septembre. Alors que la fin de l’accord approche, le débat qui fâche refait surface.
D’un côté, Barcelona Oberta, la fédération des commerces du centre-ville, a déjà demandé à la mairie d’étendre ce calendrier à tous les dimanches compris entre Pâques et la Toussaint, soit huit mois. De l’autre, les petits commerces regroupés au sein de Barcelona Comerç, ainsi que les syndicats, s’y opposent fermement. Ils ne sont prêts qu’à renouveler l’accord actuel.
Ce débat reflète une division plus large qui s’étend à l’échelle des citoyens, puisqu’aujourd’hui 48,3 % des Barcelonais se disent favorables à l’ouverture dominicale, contre 44 % qui y sont opposés. Ce chiffre, issu de l’enquête municipale Omnibus menée au printemps dernier, représente une progression de 8,7 points par rapport à l’année précédente. C’est le meilleur résultat en faveur des ouvertures dominicales depuis 2013. Cette opinion populaire étonne, alors que cette année de nombreuses vagues anti-touristes ont traversé la ville.
Le droit du travailleur au repos
Ce changement d’opinion sert le propos des grands magasins. Barcelona Oberta s’appuie sur cette étude pour appuyer son argumentaire et avance également les bons chiffres de 2023, où les ventes ont augmenté de 9,5 % grâce aux achats touristiques effectués pendant les jours fériés. Par ailleurs, 91 % des usagers (pas uniquement les touristes) estiment que l’ouverture des commerces améliore leur expérience en ville. Le groupe se sent aussi conforté par la hausse des embauches, aussi une exigence des syndicats : depuis 2022, plus de la moitié des contrats signés sont à durée indéterminée.
Côté profit, les données de 2024 ne sont pas encore disponibles, mais en 2023, les études municipales sur l’impact de la ZGAT (zone à grande affluence touristique) ont montré que les achats des résidents dans ces zones n’étaient presque jamais faits au détriment du commerce de proximité (0,1 % du budget de consommation).
Lire aussi : A Barcelone, les commerces toujours plus nombreux à ouvrir tous les jours
Pour sa part, Barcelona Comerç estime que 4 mois de dimanches ouverts est une période suffisante et que les achats ont principalement profité aux grandes surfaces. Par ailleurs, la question de l’emploi reste problématique. Les syndicats sont formels, si les salariés ne sont pas satisfaits des horaires, le recrutement se complique, et il devient difficile d’embaucher des personnels qualifiés. En outre, ils militent pour le droit de repos des salariés.
Pour le moment, la mairie de Barcelone a discuté du sujet avec les deux fédérations mais a renvoyé Barcelona Oberta aux réunions de concertation prévues à l’automne, en vue de la planification de 2026.
