Permis express : pourquoi les expatriés français fuient l’Espagne pour le passer en France

jours fériés espagne ajuntament

Face aux lourdeurs administratives espagnoles et à des formations jugées peu flexibles, de plus en plus de Français installés en Espagne choisissent de revenir dans l’Hexagone pour décrocher le précieux sésame. Un choix loin d’être confortable, mais qui s’avère parfois payant. Témoignages croisés de deux futurs conducteurs embarqués dans un étonnant parcours du combattant.

Photos : mairie de Barcelone

Passer le permis de conduire en France tout en vivant… à Barcelone ? C’est une option qui semble apporter son lot d’avantages pour les Français de la cité comtale. Lou, 28 ans, installée dans la capitale catalane depuis cinq ans, a préféré par exemple jouer la carte transfrontalière. Après un début de formation avorté dans une auto-école espagnole, elle s’est finalement inscrite près de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. Une stratégie inattendue mais révélatrice d’un phénomène discret : de plus en plus d’expatriés font le pari de passer leur permis en France, quitte à multiplier les heures de bus et les démarches administratives.

Code « incompréhensible » et transhumance hebdomadaire

« Je voulais passer mon permis en arrivant à Barcelone, j’avais même choisi une auto-école qui proposait le code en français », se souvient Lou. Rapidement, les ennuis commencent : les traductions approximatives rendent le contenu du code (« teórico » en espagnol) totalement confus. « Je n’y comprenais rien. J’ai raté l’examen, alors que je pense que je l’aurais eu dans ma langue », soupire la Française interrogée par Equinox. L’autre surprise, de taille : impossible de basculer vers la version espagnole sans payer 300 € supplémentaires. En parallèle, les candidats doivent obligatoirement s’inscrire dans une auto-école agréée, sans réelle possibilité de le tenter en candidat libre.

Motos voitures scooters circulation trafic bruit pollution route rue Barceloneta Photo Clementine Laurent

À cela s’ajoutent de surcroît un test psychotechnique et un examen médical obligatoire… même avant la première heure de conduite. De quoi la décourager. L’expatriée se tourne alors vers une solution alternative : le financement via son Compte Personnel de Formation (CPF) en France. Direction Port-Leucate, près de Perpignan, où réside sa cousine. Désormais, Lou prend le bus pour ses heures de conduite : « Je fais l’aller-retour Barcelone–Perpignan dans la journée ou je dors chez ma cousine. C’est épuisant. Mais au moins je suis rassurée : je conduis en français, dans une petite ville, moins stressante que Barcelone. » Recommanderait-elle ce choix à d’autres expatriés ? Pas vraiment. « À moins d’avoir un point de chute ou de pouvoir télétravailler, c’est une vraie galère d’organisation. »

Lire aussi : Combien ça coûte, un mois de sorties à Barcelone ?

La France, « plus pratique » ?

Même constat mitigé chez Ivan, 20 ans. Né en France mais ayant grandi à Barcelone, il entame sa formation côté espagnol : cours de code, test psychotechnique, examen médical… mais bloque au moment de passer l’épreuve théorique à cause d’un document manquant (l’équivalent de la carte d’identité). Lorsqu’une opportunité professionnelle à Paris exige impérativement le permis, il décide alors de s’inscrire en France, séduit par la possibilité de passer le code « en candidat libre » via La Poste, sans auto-école. Aussi, le Franco-espagnol a l’option de réviser gratuitement le code en autonomie via des applis comme Stych.

Cependant, la flexibilité n’est pas non plus le fort du système administratif français. « Je pensais que cela irait vite… mais j’avais oublié la Journée Défense Citoyenneté (JDC), que je n’avais jamais faite », raconte-t-il. Résultat : plusieurs mois d’attente pour obtenir son numéro NEPH, un identifiant indispensable à l’inscription que les Français obtiennent à la suite de la JDC. « Entre la France et l’Espagne, l’administration, c’est pareil… il faut juste être patient », relativise-t-il aujourd’hui. Même constat pour Lou. À ses yeux, la France n’est pas forcément plus simple, notamment au niveau administratif… Elle est seulement un peu plus familière !

Recommandé pour vous