Cet été, Equinox rouvre les dossiers criminels les plus marquants d’Espagne. Enquêtes glaçantes, disparitions mystérieuses, procès médiatiques : retour sur ces histoires vraies qui fascinent autant qu’elles dérangent.
C’est notre série estivale, avec un nouvel épisode tous les dimanches.
Elle s’est volatilisée dans un souffle, entre les lumières d’une fête entre ados et l’ombre d’un terrain vague. Depuis cette nuit de mars 2015, plus aucune trace de Caroline del Valle. Que s’est-il passé à Sabadell ? Fugue, enlèvement, meurtre ? Dix ans plus tard, les questions demeurent et le silence lui, s’épaissit.
Elle devait sortir en boite à Barcelone, sa mère ne l’a jamais revue. Caroline del Valle Movilla est une adolescente de 14 ans, collégienne à Barcelone. Elle vit dans un cadre familial équilibré, aimée par sa mère, sans aucun antécédent. Pourtant depuis quelque temps, elle s’était rapprochée d’un groupe d’adolescents aux profils plutôt instables : certains fuguent de leur foyer, d’autres sont dans le viseur de la police. Comme toute collégienne de son âge, Caroline commence à sortir et c’est dans dans ce cercle instable mais séduisant qu’elle fait ses premiers pas en dehors du cadre familial.
Caroline Del Valle
Ce week-end-là, Caroline avait prétexté passer la nuit chez son amie Silvia. Les deux adolescentes ont obtenu l’accord de leurs mères pour sortir. Officiellement, elles devaient se rendre à « In Time », une discothèque pour mineurs située dans le quartier de la Vila Olímpica, à Barcelone. Mais en réalité, la soirée prit un tout autre tournant.
Caroline et Silvia se sont rendues à Sabadell, une ville de banlieue à trente minutes de Barcelone, pour faire la fête dans une zone industrielle. Là où l’alcool est bon marché, là où la musique est forte et où les jeunes sont livrés à eux-mêmes. Sur place, elles retrouvent une bande de garçons qu’elles connaissaient à peine. Des adolescents eux aussi en rupture, souvent en fugue ou passés par des foyers. Des visages familiers pour la police locale. À l’aube, vers 5 heures du matin, ce 15 mars 2015, la fête dégénéra. La police catalane, les Mossos d’Esquadra, intervient pour disperser les jeunes. C’est à ce moment-là que sa trace s’efface. Plus de nouvelles. Plus aucun signe de vie. Son dernier geste connu : un appel passé à 5h55 à une autre amie, Nissrine, sans réponse. Depuis ce moment, plus rien.
Caroline et ses amis le soir de la disparition
Dès les premières heures, la police qualifie l’affaire de disparition à caractère criminelle, envisageant un homicide et la dissimulation du corps. Les premières investigations sont freinées : flirts, témoignages mensongers, et témoignages contradictoires. Silvia et ses proches auraient dissimulé la réalité à la mère pendant près de 24h, laissant songer à une escapade volontaire, ce qui a retardé l’activation de l’alerte disparition.
L’un des jeunes, Justin, émerge rapidement comme principal suspect : il affirma dans une émission télé que pour échapper à la police, il s’est caché dans un terrain abandonné avec Caroline avant de perdre sa trace. Avant de revenir seul à la gare, sans téléphone, sans manteau, avec des traces de boue. Les incohérences de son récit et l’absence de Caroline au terminal ferroviaire attisent les soupçons. Malgré cela, aucune preuve tangible n’a permis de le mettre en cause formellement.
Isabel Movilla, mère de Caroline
Depuis, une des principales pistes défendues par la mère, Isabel Movilla, dans les médias est celle du trafic d’êtres humains. Elle évoque un véhicule rouge venu de France pour emmener Caroline hors d »Espagne afin de la prostituer. La mère affirme que la police a sollicité l’aide d’Interpol, de l’entreprise Google (pour géolocaliser le téléphone ou le véhicule) et des agents secret internationaux. Isabel reste persuadée que sa fille est vivante. Elle continue sans relâche les recherches afin de la sauver.
Les épisodes précédents de notre série Crimes en Espagne :
-L’affaire Asunta, retour sur un crime familial qui a bouleversé l’Espagne
-Le violeur de l’Eixample, l’affaire qui a terrorisé Barcelone
-Affaire Gabriel Cruz : la diabolique belle-mère fait encore trembler l’Espagne