À Sant Martí de Tous, à une heure de Barcelone, une affaire d’occupation illégale a pris un tour insolite. Montserrat Riera, 78 ans, de retour de vacances sur la Costa Brava, a découvert que sa maison était occupée par cinq inconnus.
Au mois de juillet, Montserrat avait quitté pour la première fois depuis longtemps son domicile afin de passer quelques jours au bord de la mer avec son fils Jordi et ses petits-enfants. À son retour, elle trouve la serrure remplacée et des étrangers installés dans sa maison familiale. « C’était comme un coup de couteau », a-t-elle raconté, très émue.
Après avoir tenté de discuter sans succès avec les occupants, la retraitée perd son sang-froid. Habituée à entretenir son potager et attentive à la nature, elle remarque un nid de guêpes dans son jardin. Dans un geste désespéré, elle le lance par une fenêtre entrouverte. Aussitôt, les squatteurs s’enfuient en criant et en tentant d’éviter les piqûres. « Je ne voulais pas leur faire de mal, mais c’est chez moi. S’ils ne partent pas, je recommencerai, avec des guêpes ou avec un autre insecte », prévient-elle.
Un imbroglio juridique qui joue contre la propriétaire
La maison est enregistrée au nom de Jordi, le fils de Montserrat, qui réside à Barcelone et possède un autre logement. Selon la législation actuelle, cela transforme le cas en usurpation d’un bien non occupé à titre de résidence principale. Conséquence : le processus d’expulsion est long et complexe, sans possibilité de délogement immédiat. « C’est injuste. Ma mère vit là-bas depuis toujours, mais parce que la maison est à mon nom, on nous dit qu’il faudra attendre des mois », déplore Jordi.
Après l’incident, l’un des occupants, qui s’est présenté sous le prénom de Carlos, a déclaré que le groupe envisageait de porter plainte pour agression. « Nous ne cherchons pas de problèmes, seulement un toit. Mais ce qu’elle a fait est dangereux », a-t-il affirmé. Montserrat, elle, reste inflexible : « Qu’ils portent plainte s’ils veulent. Je ne laisserai pas ma maison entre leurs mains. »
La police et le village dans l’attente
Les Mossos d’Esquadra confirment avoir reçu un appel concernant l’altercation. Pour l’instant, aucune plainte n’a été enregistrée contre la retraitée. L’affaire a été largement relayée sur les réseaux sociaux, où Montserrat a reu de nombreux soutiens mais aussi des commentaires indignés.
Côté judiciaire, le dossier suit la voie civile, ralentie par l’engorgement des tribunaux. En attendant, Montserrat loge chez une amie et confie avoir perdu la tranquillité qui la caractérisait : « Je ne dors plus en pensant à mes affaires et à mes souvenirs enfermés là-bas. » L’association de voisins du village a prévu une mobilisation devant la mairie pour réclamer une réforme de la loi. « On ne peut pas accepter qu’une femme de 78 ans perde son foyer pour un simple détail administratif », dénonce son président.
En attendant, les occupants restent dans la maison, la tension monte dans le village et Montserrat, déterminée, promet de continuer son combat : « Je veux juste récupérer ma vie. Et s’il faut encore utiliser des guêpes, je le ferai. »