Un monument colossal sculpté dans l’acier, culminant à environ 300 mètres de haut. C’est l’incroyable projet espagnol nommé « Toro de España » et mené par l’Académie espagnole de tauromachie. Elle envisage d’ériger une statue géante représentant le symbolique bovidé en hommage au fameux Taureau Osborne, silhouette iconique du paysage routier espagnol depuis les années 1950.
Rivaliser avec la Tour Eiffel de Paris, tel est l’impressionnant défi que s’est lancé l’Académie espagnole de tauromachie. Elle a effectivement dévoilé son projet baptisé « El Toro de España » qui représenterait un taureau d’acier de 300 mètres de haut. Entièrement accessible au public, l’ouvrage abriterait, dans ses cornes, des points de vue panoramiques et, dans ses sabots, des restaurants, une aire de jeux et une boutique de souvenirs. Soutenu par des fonds privés, le projet suscite déjà l’intérêt de plusieurs municipalités, situées dans la communauté de Madrid, candidates pour accueillir ce qui ambitionne de devenir la future coqueluche touristique du pays.
Nouvelle attraction touristique
Ce projet à l’image du bovin emblématique espagnol n’est pas sans rappeler le Taureau Osborne. Ce dernier a initialement créé en 1956 comme panneau publicitaire pour la marque de brandy « Veterano », avant de devenir un symbole culturel en Espagne à la portée internationale. Plusieurs lois dans les années 1980–1990 ont cherché à faire disparaître ces silhouettes, mais elles ont été finalement protégées en tant que patrimoine culturel en 1997 par le Tribunal Suprême, en raison de leur « intérêt esthétique et culturel ».
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L’Académie espagnole de tauromachie envisage désormais d’utiliser ce symbole fort pour en faire une icône du tourisme à l’image de la Tour Eiffel. Et pour cause, la Dame de Fer parisienne, reste l’un des monuments les plus visités en Europe, avec environ 6,3 millions de visiteurs par an en 2023 et 2024. D’autres projets culturels emblématiques ont également généré de puissantes dynamiques économiques, notamment en Espagne.
Par exemple, le Musée Guggenheim de Bilbao a permis à la région basque de connaître une revitalisation, apportant plus de 762 millions d’euros à l’économie locale en 2023. Ainsi, l’implantation d’un nouveau monument iconique pourrait avoir un impact similaire, d’autant plus que le tourisme occupe une part importante dans la prospérité de la péninsule ibérique, environ 15 % du PIB espagnol.
Bras de fer politique
Mais comme tout projet monumental, le “Toro de España” suscite de vives réactions, notamment dans la sphère politique. Ce futur colosse d’acier est largement plébiscité par l’extrême droite de Vox. Selon le parti, ce projet ”est une affirmation de l’identité espagnole traditionnelle, rurale et taurine. »
A l’opposé, les socialistes au pouvoir (PSOE) qualifient ce projet de « déconnecté des priorités des Espagnols » et le parti Podemos déplore même le relent « franquiste » et « la souffrance animale » mise en exergue à travers le symbole taurin. Si pour l’heure, ni le lieu ni la date d’un éventuel chantier n’ont été fixés, ce « Toro de España » déchaîne déjà les passions au sein de la péninsule ibérique.