La compagnie irlandaise low-cost met ses menaces à exécution et supprime 36 liaisons aériennes en Espagne. Un coup dur pour la mobilité ibérique.
En conflit depuis de nombreux mois avec le gouvernement espagnol sur le sujet de l’augmentation des taxes aéroportuaires, Ryanair continue de réduire notablement son activité dans le pays. L’augmentation des taxes, de 6,62 % en 2026, représente un surcoût de 68 centimes par passager, portant le revenu maximum à 11,03 euros contre 10,35 euros actuellement.
« Cette hausse excessive, la plus importante depuis plus de dix ans, signifie que la majorité des capacités hivernales de Ryanair pour 2025 dans les aéroports régionaux espagnols seront redéployées à l’étranger », a indiqué le directeur général de Ryanair, Eddie Wilson, lors d’une conférence de presse mercredi.
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Ce sont près d’un million de places qui vont être ainsi supprimées dès l’automne, principalement dans les petits aéroports régionaux où la compagnie va réduire son activité de 41%. Ryanair a anoncé la fermeture de sa base à l’aéroport de Saint-Jacques-de-Compostelle, ce qui affectera lourdement la Galice. La région sera également privée de toutes les liaisons vers Vigo dès 2026. Selon la direction de la low cost, ces décisions impliquent un non-investissement de 200 millions de dollars dans la communauté autonome.
Dans les îles Canaries, Ryanair cessera toute activité à l’aéroport de Tenerife Nord, supprimant une trentaine de liaisons directes avec l’archipel. D’autres villes comme Valladolid et Jerez de la Frontera, où les opérations étaient déjà suspendues, ne retrouveront pas la compagnie à court terme.
Bras de fer avec le gouvernement espagnol
La réduction de voilure concerne aussi plusieurs petites villes : -45 % de capacité à Saragosse, -38 % à Santander, -16 % dans les Asturies et -2 % à Vitoria. À l’exception de cette dernière, toutes figuraient déjà parmi les destinations touchées par la suppression de 800 000 sièges pour la saison estivale.
Cette nouvelle annonce de Ryanair, qui affirme qu’avec cette hausse des taxes, le gouvernement espagnol prouve qu’il ne veut pas soutenir les aéroports régionaux, pose un problème sérieux de mobilité. Dans ces régions rurales, les liaisons aériennes et ferroviaires sont rares, et souvent coûteuses. Des vols à bas prix permettaient de désenclaver cette « Espagne du vide ».
De son côté, Aena, le gestionnaire aéroportuaire public espagnol, dénonce un chantage de la part de la compagnie aérienne, qui met la pression aux exécutifs en place dans de nombreux pays européens « pour ses propres intérêts économiques ». Le ministre du Tourisme, Jordi Hereu, affirme travailler pour diversifier les opérateurs, notamment dans les petits aéroports.