Septembre, mois des cartables neufs, des bonnes résolutions… et des reconversions improbables. À Barcelone, la rentrée ne rime pas seulement avec retour au bureau mais aussi avec changement radical de vie.
Dans une ville où la tech croise la fête, certains se réinventent dans des métiers qu’on n’aurait jamais osé écrire sur Parcoursup.
Créateur de contenu : Emily in Barcelona
Le créateur de contenu existe partout, mais avec son architecture à couper le souffle, ses plages et ses rooftops instagrammables à souhait, la cité comtale est devenue depuis quelques années le décor favori des influenceurs. Toute la péninsule est d’ailleurs touchée par ce phénomène, avec son art de vivre, son patrimoine et sa nature à couper le souffle.
Avec ses 230 000 abonnés, ses robes de flamenco et ses vidéos humoristiques sur les chocs culturels qu’elle a vécus (horaires, vacances, expressions), MorganeinSpain est l’une des cheffes de file du mouvement et partage un quotidien madrilène sur son feed qui ferait rougir le community manager de l’office du tourisme.
Prof de yoga, de paddle ou coach sportif improvisé
Le soleil, la plage et la Méditerranée ont transformé Barcelone en Mecque du sport de plein air. Résultat : des bataillons d’anciens employés de bureau sont devenus profs de yoga, instructeurs de paddle ou coachs sportifs holistiques. Les plages de la ville ressemblent parfois à un open space de tapis colorés où chacun s’auto-certifie gourou du bien-être.
Le plus fascinant reste la capacité d’adaptation : certains proposent des cours de yoga sur paddle, d’autres des sessions de cardio à Montjuic accompagnées de discours sur l’énergie solaire. L’économie parallèle du fitness est telle que les Barcelonais passent plus de temps à comparer les prix des cours collectifs qu’à fréquenter une salle de sport.
Guide de street art non-officiel
Oubliez la Sagrada Família et le Park Güell. Le vrai Barcelone se découvre dans les ruelles du Raval ou sur les murs de Poblenou, couverts de graffitis qui changent d’une semaine à l’autre. Du moins, c’est ce dont est persuadé le guide de street art non-officiel, qui incarne cette reconversion typiquement barcelonaise : mi-artiste, mi-historien improvisé.
Armé d’un tote bag et d’une passion pour les bombes de peinture Montana, il écume la ville en priant pour que Banksy élise Barcelone comme support et termine inlassablement ses visites dans un bar de craft beer ou de vin biodynamique tenu par un ami français. En somme, une économie circulaire, locale et très créative.
Modérateur : un métier déjà vintage
Barcelone a longtemps été l’un des grands centres européens de la modération de contenu pour Meta et TikTok. Des milliers de personnes filtraient vidéos, images et commentaires, triant le pire d’Internet pour que le reste du monde puisse scroller tranquillement entre deux chats mignons et une pub de shampoing.
Bien payé pour l’Espagne, ce travail ressemblait parfois à une descente quotidienne dans les enfers numériques. Mais le secteur a déjà basculé : Meta a fermé ses bureaux barcelonais et TikTok remplace désormais une partie de ses effectifs par des intelligences artificielles. Résultat : ce qui fut un métier d’avenir est presque déjà une page d’histoire locale.
Data annotator : le métier fantôme
La reconversion toute trouvée ? Devenir data annotator. Après avoir filtré les horreurs d’Internet, beaucoup se retrouvent à nourrir ces mêmes IA qui prennent leur place : étiqueter des images de pigeons, corriger des commandes vocales ou décider si une phrase est toxique ou simplement rédigée par un Français bougon.
Un métier invisible, mais indispensable : sans lui, aucune intelligence artificielle ne fonctionnerait correctement. L’ironie, c’est que si personne ne comprenait vraiment les subtilités du métier de modérateur, c’est encore pire pour l’annotateur de données, que ses proches imaginent promener un robot au parc de la Ciutadella.
