5 bonnes résolutions de la rentrée (version barcelonaise)

Septembre à Barcelone, c’est cette étrange saison où tout le monde sort encore en short alors que les vitrines affichent déjà des manteaux.

C’est le lundi matin de l’année. Où, encore un peu sonnés de nos errances estivales, on se promet de devenir la meilleure version de nous-mêmes : d’arrêter de scroller sur son téléphone, de boire des verres en terrasse, ou encore de s’inscrire au pilate, et, d’enfin, se mettre au catalan. Voici les bonnes résolutions typiques de la rentrée, à la sauce barcelonaise.

Faire le Sober September (sobre, mais avec modération)

La première résolution tombe toujours fin août, entre deux caïpirinhas tièdes à la plage : « en septembre, j’arrête de boire. » Comme vous vous en doutez, le Dry September n’a rien à voir avec William Faulkner. D’ailleurs, on l’appelle plutôt le Sober September. Petit frère du Dry January (qui vise à arrêter l’alcool pendant un mois pour parer aux excès des fêtes de fin d’année), le principe de septembre sobre est le même : se remettre des apéros estivaux et reprendre le chemin des études ou du travail du bon pied.

Sauf qu’à Barcelone, rester sobre en septembre relève parfois des douze travaux d’Hercule. Entre les fêtes de quartier (Sants, Poblenou, Horta, Barceloneta) et la Mercè, grande fête de la ville où se mêlent défilés de géants, feux d’artifice et portes ouvertes, le sommeil vous semble un souvenir lointain.

Ensuite, il y a les afterworks de rentrée. Vous promettez de ne rester qu’une heure, mais vous sortez du bar à deux heures du matin avec la ferme conviction que « cette fois, c’était la dernière ».

Autant dire que vos velléités de sobriété durent en moyenne… six jours. Sept pour les plus disciplinés.

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Apprendre le catalan (ou au moins quelques mots pour frimer)

Autre résolution incontournable : « Cette année, je me mets au catalan. » En septembre, tout le monde est soudain pris d’une bouffée de conscience linguistique. Vous imaginez déjà commander votre pa amb tomàquet avec assurance, comprendre les blagues de La Trinca et vous intégrer tel un voisin modèle.

Première étape : vous vous inscrivez en ligne sur la plateforme Parla.cat, remplissez le formulaire et accédez enfin à votre premier cours… Ce sera aussi le dernier. Parla.cat n’est pas Duolingo et les méthodes d’apprentissage vous rappellent, avec horreur, ce Bescherelle que votre mère traînait à la plage pendant les vacances d’été.

Deuxième étape : bien décidé à renouer (ou plutôt à nouer) avec la langue de Verdaguer, vous vous inscrivez à un des cours gratuits proposés par la mairie. Après avoir patienté sur liste d’attente, un désistement vous ouvre les portes de ce club ô combien privé.

Troisième étape : premiers cours et premiers émois. En tant que francophone, vous partez avec un avantage de taille : le français est plus proche du catalan que de l’espagnol. Vous vous baladez donc en distribuant des « parlo una mica de català » et des « merci » à qui voudra bien les entendre. Mais quand au mois d’octobre, quand vous découvrez avec horreur que le futur du subjonctif existe, votre motivation s’évapore plus vite qu’une glace au soleil.

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Rejoindre une équipe de volley (le sport préféré des groupes WhatsApp)

À Barcelone, le sport roi de la rentrée, ce n’est pas le foot. Non, c’est le beach-volley. Vous avez beau n’en avoir fait que deux mois en cours d’EPS en 4ème, vous êtes quand même inscrit sur dix groupes WhatsApp différents : “Volley Barceloneta”, “Volley Friendly Poblenou”, “Volley Sunset Vibes”… qui vous bombardent chaque jour de propositions de parties aussi internationales que sportives.

Vous vous jurez de répondre présent un jour. Mais entre le boulot, la famille, les amis et votre inexplicable incapacité à courir sans ressembler à Phoebe Buffay, le volley-ball reste une activité théorique.

Les seuls services en revers que vous effectuerez consistent à scroller les 324 notifications quotidiennes en soupirant « un jour, j’irai ».

Mais attention : le jour où vous osez vraiment y aller, vous découvrez une hiérarchie impitoyable. Il y a les pros avec genouillères, lunettes de soleil et cris guerriers. Et puis vous, qui frappez le ballon avec l’avant-bras, la tête, parfois même la figure. À la fin, vous repartez avec un bronzage asymétrique et la ferme résolution de… peut-être essayer le paddle à la place.

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Se mettre au paddle (ou parfaire son feed Instagram)

Le paddle, c’est l’autre sport de septembre. L’idée est séduisante : glisser sur l’eau au lever du soleil, méditatif, élégant. La réalité ? Monter sur la planche est déjà une épreuve. Vous passez plus de temps assis qu’à pagayer, et chaque tentative de vous lever finit par une chute digne d’un dessin animé.

Pendant ce temps, les vrais Barcelonais filent à toute allure, jambes toniques et sourire conquérant. Vous, vous ressemblez à une mouette alcoolisée qui lutte pour garder l’équilibre. Ou, pour les poètes, à ce fameux albatros « gauche, veule, comique et laid » décrit par Baudelaire dans le texte éponyme.

Mais peu importe : une seule photo Instagram suffit pour faire croire que vous êtes devenu·e un être marin, zen et sportif. Personne n’a besoin de savoir que dix secondes après le cliché, vous avez bu la tasse et perdu votre tong gauche.

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Prendre le chemin de la rando (et réussir à rentrer chez soi)

Dernière grande résolution de rentrée : « Cette année, je passe mes week-ends à faire des randos. » Après tout, la Catalogne est un paradis : Collserola à deux pas, Montserrat à quelques stations de train, Costa Brava et Pyrénées pas si loin.

Premier week-end, vous partez motivé, sac à dos, gourde en inox, baskets flambant neuves. Les premiers kilomètres sont supportables, et la vue sur la ville vous inspire des pensées profondes du genre : « Finalement, vieillir, c’est comme escalader une montagne : plus le panorama est beau, moins on a de souffle. »

Mais rapidement, vous réalisez que le mot « sentier » signifie en fait « escalier de la muerte en plein cagnard ».

Votre pote catalan, lui, grimpe comme une chèvre en sifflotant, pendant que vous transpirez comme si vous aviez couru un marathon. La récompense ? Un pique-nique à l’ombre d’un pin, dévoré par des fourmis, arrosé par l’eau surchauffée de votre gourde, suivi de trois heures de descente qui pulvérisent vos genoux. À moins que vous ne finissiez pas lever le pouce et rentrer 2 heures avant votre compagnon de rando, ulcéré. Enfin de retour à la civilisation, vous vous promettez de consacrer vos week-ends à des activités plus accessibles. Comme rester allongé sur la plage avec une bière.

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Arrêter les bonnes résolutions (se rappeler que la vie ressemble plus à une course de fond qu’à un marathon

Et voilà, septembre file, vos résolutions s’entassent comme vos tongs qui prennent la poussière sur le balcon. Elles ressemblent moins à un marathon qu’à une course de fond avec des arrêts fréquents au bar, des pauses pour Instagram et quelques collines impossibles à gravir. Et pourtant, malgré tout, on les garde précieusement, parce qu’elles font rêver et aussi parce qu’il reste 3 mois avant le mois de janvier.

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