Et si les déchets de nos éviers et de nos toilettes servaient à faire rouler les bus ? À Barcelone, un projet européen transforme les boues d’épuration en biométhane, réduisant ainsi l’empreinte carbone du transport urbain.
Photo : Ajuntament de Barcelona
Projet-pilote testé et approuvé. Depuis 2020, un bus de la flotte des Transports Metropolitans de Barcelona (TMB) roule au biométhane produit localement à partir des boues d’épuration. C’est le résultat concret de LIFE NIMBUS, un projet européen cofinancé par la Commission européenne et coordonné par Cetaqua, le centre technologique de l’eau. En cinq ans, le projet a permis de démontrer la faisabilité technique et économique de ce modèle circulaire. Le bus testé a pu parcourir jusqu’à 14.000 km/an, avec une réduction de 28 tonnes de CO₂ par an, soit une baisse de plus de 80 % de l’empreinte carbone par rapport à un bus diesel classique.
L’expérimentation s’appuie sur la station d’épuration du Baix Llobregat, gérée par Aigües de Barcelona, transformée en éco-usine. L’objectif : produire un biogaz renouvelable à partir des résidus organiques (principalement les boues) générés par le traitement des eaux usées. Concrètement, ces boues sont composées de matières organiques — principalement les déjections humaines, les graisses et les restes alimentaires — ainsi que de résidus minéraux comme le sable ou certains métaux. Une fois traitées et purifiées, elles produisent un gaz riche en méthane, capable de remplacer le diesel et de réduire de 85 % les émissions de CO₂ du transport urbain.
Les transports, dans le viseur de la transition écologique
En complément, le projet développe des technologies dites power-to-gas : elles permettent de transformer les surplus d’électricité renouvelable en hydrogène, puis en méthane de synthèse.
Le secteur du transport représente environ 33 % de la consommation énergétique primaire en Europe, mais moins de 10 % des carburants sont renouvelables. Ce projet répond à la feuille de route espagnole pour le biogaz qui vise à quadrupler la production nationale d’ici 2030. Il s’inscrit aussi dans les objectifs climatiques européens de neutralité carbone à l’horizon 2050.