Le lundi, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone à Barcelone, experte de son domaine. Cette semaine, c’est le directeur de la CCI française de Barcelone Christian Marion qui prend la plume.
La semaine horribilis de la France s’est terminée en beauté.
Monsieur Fitch nous a mis une mauvaise note dans notre carnet. L’agence avait prévenu dès mars : « si vous ne travaillez pas, vous allez décrocher de vos camarades allemands et hollandais… ».
Après la motion de censure du lundi, la démission « surprise » au gouvernement, les blocages sociaux et la BCE qui n’a pas baissé ses taux, il était presque écrit que Fitch allait rétrograder la note de la France.
Les Espagnols – et les Français qui vivaient en Espagne pendant la crise des subprime – s’en souviennent bien. Les agences de notation rythmaient notre quotidien : on vérifiait la météo, le loto… et la qualité de la dette au JT. En 2012, l’Espagne avait été reléguée en triple B (BBB), un véritable bonnet d’âne.
La recette imposée à l’époque ? L’austérité. Résultat : licenciements, salaires gelés, flexibilisation du marché du travail… Mais aussi un bond spectaculaire des exportations. Les entreprises espagnoles, plus compétitives, compensaient un marché intérieur morose. Le revers du décor : une génération perdue et de lourds sacrifices pour les ménages.
Pour la France, pas de solution miracle. Avec une dette aussi massive – et désormais plus coûteuse depuis la dégradation en A+ – il faudra tôt ou tard des politiques plus austères. Peu de dirigeants osent l’admettre, préférant contourner le sujet pour ne pas effrayer l’opinion.
Mais la France de 2025 n’est pas l’Espagne de 2011. Elle est mieux armée :
– une capacité industrielle robuste,
– un tissu d’entreprises diversifié (PME, grands groupes, startups),
– et surtout une épargne des ménages solide.
Nos entreprises en sont la preuve : elles créent la richesse et tirent l’export vers le haut.
L’inaction serait le pire scénario. Pour la France, pour l’Espagne – son premier partenaire économique – et pour l’Europe toute entière.
Cette crise peut être un électrochoc salutaire, à condition d’affronter la réalité avec lucidité et courage.