Feuilles qui tombent, jours qui raccourcissent… ailleurs en Europe, l’automne plombe les esprits. À Barcelone, il s’adoucit, porté par la mer et le soleil.
Photo : Clémentine Laurent
Les jours raccourcissent, la lumière se fait plus douce – ou plus grise, selon les jours -, l’air se rafraîchit. Ailleurs en Europe, l’automne est souvent synonyme de mélancolie, de coups de blues et de grisaille. Mais qu’en est-il à Barcelone, où le soleil tarde (un peu plus) à disparaître et où les terrasses restent pleines jusqu’en novembre ? Expats de longue date ou nouveaux venus, ils racontent comment ils vivent cette saison charnière.
On constate rapidement que pour beaucoup de Français expatriés dans la capitale catalane… la France ne tient pas la comparaison. Mehdi, 43 ans, consultant IT installé depuis sept ans à Barcelone, n’a ainsi plus rien à voir avec l’homme qu’il était à Paris : « Je trouve la transition vers l’automne très douce. En France, je ressentais une grosse tristesse pendant mes années à Paris… Mais tout cela s’est évaporé en arrivant à Barcelone. »
Julien, 30 ans, chimiste, vit lui aussi ce décalage. « Quand je vivais en France (je suis de Paris), la transition était brutale. » Il se souvient justement d’un récent aller-retour éclair : « J’ai décollé de Barcelone à 18h, il faisait 26 degrés. J’ai atterri à Paris à 20h, il faisait 11 degrés. J’ai perdu 15 degrés en deux heures ! Le fait de devoir remettre une veste, psychologiquement, c’est assez fort. À Barcelone, ça arrive bien plus tard. »
Pour lui, le blues saisonnier s’efface notamment grâce à la mer toute proche et aux terrasses encore bondées : « Le week-end, on peut continuer de se balader sur la côte, ou même aller à la plage sous 26/27 degrés et ce jusqu’en novembre. »
« Le soleil est mon antidote »
La transition saisonnière est d’autant plus douce pour les expatriés venus de pays oû l’automne est bien moins tendre. C’est le cas de Katri, Estonienne d’une trentaine d’années, qui a grandi dans un pays où le ciel reste gris une bonne partie de l’année : « Je viens d’un pays froid où, pendant environ sept mois, il n’y a quasiment pas de soleil et tout est gris. Là-bas, la dépression saisonnière est bien réelle. Mais ces quatre dernières années en vivant ici, je ne l’ai jamais ressentie. »
A l’inverse, pour elle, l’automne à Barcelone est même synonyme de soulagement après les excès de l’été : « Après cet été fou et brûlant, j’accueille l’automne et le temps plus frais avec plaisir, je l’apprécie même énormément. Je suis contente de pouvoir porter des jeans et des trench-coats et de me détendre devant la télé. »
Julia, 37 ans, allemande, partage ce sentiment depuis qu’elle a déménagé à Barcelone il y a… 12 ans : « Personnellement, j’adore septembre et octobre : il fait un peu plus frais, mais on peut encore profiter de la plage. Côté vêtements, tout est possible, et j’aime bien ça. » Pour elle, le soleil reste un allié toute l’année. Elle s’appuie aussi sur des rituels bien-être : « Je vais me promener, faire des randonnées, m’asseoir au soleil et passer du temps dans la nature, même si ce n’est qu’au parc. Ce qui m’a également beaucoup soutenue face aux changements, c’est le yin yoga et la méditation. Mais je pense que le plus important, surtout quand on se sent un peu déprimé, c’est de bouger son corps et de sortir dans la nature. »
Et puis il y a ceux qui n’y vivent pas encore… mais qui y pensent. Luis, 20 ans, étudiant à Angers, sourit en confiant son astuce pour traverser la grisaille de l’automne français : « L’astuce, c’est de se projeter pour vivre à Barcelone tout simplement. Après les études, j’espère y trouver du boulot dans la réfrigération ». Qu’ils soient déjà installés ou qu’ils en rêvent, tous décrivent la même chose : à Barcelone, l’automne ne mord pas. Le soleil tempère la mélancolie, les terrasses repoussent la grisaille, et la mer reste une échappatoire même quand les jours raccourcissent. Et si le spleen automnal s’invitait malgré tout… il se diluerait rapidement dans la douce lumière catalane.